Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/503

Cette page n’a pas encore été corrigée

d'Eluth fuyant devant l'armée de l'empereur qui le poursuivait, avait par des marches forcées, remonté le long de la rivière de Kerlon avec tant de diligence, qu'il avait plus de trente lieues d'avance ; il était même arrivé proche de la rivière de Toula, et au pied des montagnes où il avait résolu de se retirer, comme dans un asile, où il était impossible de le forcer, lorsqu'il rencontra un parti de l'avant-garde du généralissime Fian gou. Celui-ci, quoique réduit à une extrême disette de vivres, de chameaux, et de chevaux, remontait le long de la rivière de Toula avec son armée, pour chercher celle des Eluths. Les Eluths voyant que ce corps de troupes était en assez petit nombre, et qu'il n'était soutenu d'aucun autre, le chargèrent avec vigueur, et l'ayant fait plier, ils poursuivirent les fuyards jusque vers le corps d'armée, qui était campé à plus de trois lieues de là, sur le bord de la rivière ; la facilité que les Eluths trouvèrent à faire plier ce premier corps de troupes, fit croire à leur roi, que l'armée qui venait de ce côté-là n'était nullement forte, et se tenant déjà assuré d'une victoire complète, il fit avancer en diligence son armée, qui ne consistait qu'en sept mille hommes environ de troupes réglées, et il ordonna qu'on fit suivre tout le bagage, et toutes les familles de ses soldats, afin que les femmes et les enfants aidassent à charger le butin ; il les fit placer dans les bois et les petites îles qui sont le long de la rivière ; puis ayant fait passer ses troupes sur une petite hauteur, qui était entre deux montagnes, il étendit ses escadrons dans la plaine, marchant droit à l'armée de l'empereur, qui était sortie de son camp, et était venu occuper un lieu très avantageux ; c'était une montagne, laquelle s'étendait du nord ouest au sud-est, jusqu'à un rocher escarpé, au pied duquel passait la rivière. Toute l'armée était rangée sur une ligne au haut de cette montagne, et faisait un fort grand front. Cette disposition n'empêcha pas les Eluths de s'avancer. Ils occupèrent une autre montagne plus petite et plus basse, mais qui était couverte de rochers en plusieurs endroits, et qui faisait face à celle où les Mantcheoux étaient rangés en bataille, à une bonne portée d'arquebuse. Ils gagnèrent même une partie de la montagne du côté qu'elle était moins haute, vers la rivière, et vinrent attaquer le quartier des soldats chinois qui occupaient ce poste. Il fut disputé longtemps. Enfin après un combat assez opiniâtre de part et d'autre, les soldats chinois firent reculer les Eluths à une certaine distance, où ils tinrent encore ferme assez longtemps, sur une espèce de terre-plein qui est sur le penchant de la montagne, tandis qu'on faisait grand feu du canon sur les autres quartiers, et particulièrement sur ceux qui occupaient la montagne dont j'ai parlé. Ils ne quittèrent pourtant pas leur poste, jusqu'à ce que voyant venir un gros de Mantcheoux qui avaient pris au sud, et qui étaient descendus dans la plaine, d'où ils les venaient prendre en flanc, ils craignirent d'être enveloppés ; ils abandonnèrent la montagne, et se retirèrent en se battant toujours avec courage. Il tinrent encore ferme dans la plaine, jusqu'