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autres, étaient devenues fort puissantes, et avaient même poussé leurs conquêtes jusqu'à la Chine, dont ils ont longtemps occupé la province de Chan si et une partie de celle de Chen si. Dès le commencement de la monarchie des Han, c'est-à-dire, il y a plus de 1800 ans, l'un de ces princes tartares des plus voisins de la Chine s'était rendu redoutable aux Chinois : il faisait de continuelles irruptions sur les terres de l'empire, lorsqu'on manquait à lui envoyer les sommes d'argent et la quantité de pièces de soie, que les Chinois s'étaient obligés de lui fournir chaque année, pour n'en être point inquiétés. Ces princes ou rois tartares envoyaient même souvent demander en mariage des filles des empereurs chinois, et ils les demandaient avec beaucoup de hauteur, jusques à menacer de les venir chercher eux-mêmes les armes à la main, si on ne les leur accordait de bonne grâce. On lit dans l'histoire qu'à la mort du fondateur de la monarchie des Han, le roi tartare eut l'audace de faire des propositions de mariage à l'impératrice qui était veuve, et qui gouvernait l'empire en qualité de régente. Une pareille proposition fut regardée des Chinois comme une insulte, mais ils dissimulèrent par politique, et même, de peur d'irriter ce prince, ils lui accordèrent une princesse du sang impérial. L'histoire chinoise nomme ces rois tartares leurs voisins tchen yu ou tan yu, car ces deux noms se prononcent de la même manière : c'était proprement un nom de dignité, comme qui dirait souverain ou roi, et non pas un nom de pays, bien qu'il ait été donné par nos géographes à cette partie de la Tartarie qui est à l'ouest ou au nord-ouest de la Chine, et qui est justement le lieu où régnaient ces princes tartares. Ils ne furent pas longtemps redoutés des Chinois. L'empereur Vou ti de la même famille des Han, qui régnait environ 120 ans avant la naissance de J.-C. vainquit et défit tant de fois ces Tartares, et les repoussa si avant dans leurs déserts, qu'ils furent plus de 1.200 ans sans oser reparaître dans l'empire. Ce ne fut qu'au commencement du dixième siècle, que les Tartares qui étaient au nord de la Chine, et que l'histoire chinoise appelle Si tan, se rendirent maîtres de la province de Leao tong, qu'ils rentrèrent dans les provinces septentrionales de la Chine, et en fondèrent la monarchie, que la même histoire appelle Tai leao, du nom de la province de Leao tong, qui leur avait donné entrée dans l'empire. Cette monarchie dura environ 200 ans ; pendant ce temps-là ils subjuguèrent plusieurs autres hordes de Tartares, et une bonne partie des provinces septentrionales de la Chine ; ils obligèrent même des empereurs de leur payer un tribut considérable en argent et en pièces de soie, pour se rédimer de leurs courses et de leurs vexations. La monarchie des Leao fut enfin détruite par les Tartares orientaux, c'est-à-dire, par ceux qui demeurent à l'orient du méridien de Peking, et au nord-est de la Chine ; ils étaient sujets des Leao ; mais un prince d'un ayman nommé Aghouta ayant reçu un sanglant affront du dernier empereur