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un quart de nord. Nous passâmes deux fois la rivière d'Ourson à gué ; la première fois proche de notre camp ; nos chevaux n'eurent de l'eau que jusque aux sangles, parce que l'endroit du gué était large ; mais où la rivière était plus étroite, on ne pouvait la passer à gué. Nous la passâmes la seconde fois environ à quinze ou vingt lys de notre camp, après avoir traversé une grande prairie qui court le long de cette rivière. Le second gué était plus facile que le premier. Ce qui nous obligea de passer et de repasser cette rivière, c'est que nous voulions éviter de faire le tour de l'étang d'Oulan poulac, et du ruisseau qu'il forme, parce que c'est un marécage dont nous eussions eu de la peine à nous tirer, et que d'ailleurs il eût fallu faire deux journées au lieu d'une, pour nous rendre au lac Coulon, où nous allâmes camper ; le pays que nous traversâmes, après avoir passé l'Ourson, était moins égal, et allait en pente presque insensible ; le terrain en était sablonneux ; nous nous arrêtâmes sur une hauteur, environ à douze ou quinze lys du lac, d'où nous en découvrîmes la partie qui n'était pas cachée par les montagnes. Cette partie du lac que nous considérâmes à loisir avec de bonnes lunettes d'approche, pouvait avoir cent ou six-vingt lys de tour. La plus grande longueur de l'ouest-sud-ouest à l'est-nord-est, avait environ quarante lys, selon notre estime, et sa largeur un peu plus de trente lys du sud-est au nord-ouest. Vers le nord-est se voyait une ouverture qui ne paraissait pas fort large. On nous dit que c'était l'endroit de la communication de cette partie du lac que nous découvrions, avec celle qui nous était cachée ; elle est, dit-on, sans comparaison plus grande ; on nous assura même qu'il fallait sept jours pour en faire le tour, en faisant 60 ou 70 lys par jour. Les montagnes qui sont depuis le nord-est du lac jusqu'au nord-ouest, nous en dérobaient la vue ; nous voyions cependant encore des montagnes çà et là au-delà du lac à l'est, et quelques collines au sud-est ; mais toutes les montagnes qui environnent ce grand lac, sont peu hautes ; il y en a trois principales ; celle qui est plus au sud, s'appelle Paliou tai, celle, du milieu, Oltiin, et celle qui est au nord sur le bord de l'Argun, Courbantchiré. On nous dit que la rivière d'Ourson entrait dans cette partie du lac qui nous était cachée vers l'est, que la rivière d'Argun, ou Ergoné, comme l'appellent les Kalkas, en sortait vers le nord-est, et que celle de Kerlon y entrait vers le nord-ouest, environ à 40 lys du lieu où nous étions campés. Après avoir bien considéré ce lac de dessus cette éminence, nous nous approchâmes jusque sur ses bords ; le terrain y était inégal, fort sablonneux, et sans autres pâturages que des touffes d'une certaine herbe que les chameaux aiment fort, et qui croit dans les sables ; c'était là une vraie retraite de moucherons ; on les y voyait par nuées. Quand nous fûmes proche du lac, nous le considérâmes encore, et nous vîmes qu'il y avait plusieurs endroits de sables découverts, qui formaient comme de petites îles ; ce qui nous fit juger que cette partie du lac était peu profonde ; c’est ce qui nous fut confirmé par ceux qui y allèrent pêcher, car ils y entrèrent jusque à cinq ou six lys, avant que de trouver trois pieds d'eau.