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rejoignîmes le lac, où nous prîmes quelque temps droit au nord ; ensuite nous tournâmes toujours vers l'est, jusqu'au nord-nord-est, qui fut le rhumb où nous marchâmes le plus longtemps ; le terrain de ce pays était toujours d'un sable dur, et l'herbe y était courte et rare ; mais on dit qu'elle est pleine de suc et meilleure pour les bestiaux que la plus haute et la plus touffue ; d'ailleurs, comme il y a une très grande quantité de Mongous campés aux environs de ce lac, et qu'ils ont un grand bétail, ils ne laissent guère le loisir de croître à l'herbe qui est plus proche du lac. Nous vîmes durant la route beaucoup plus de tentes et de bestiaux que nous n'en avions vu dans les autres pays, et ce n’est pas sans raison qu'on dit que ces Mongous sont plus à leur aise, que la plupart de ceux qui sont plus proche de la Chine ; le chemin était couvert de troupeaux de moutons, de vaches, de chevaux, et de chameaux. Nous campâmes sur le bord du lac, en un lieu appelé Pouyr y oulan ergui. Dès que nos tentes furent dressées, et le bagage rangé, nos gens allèrent pêcher ; ils prirent en peu de temps une si grande multitude de poissons, qu'après avoir choisi les plus grands, ils en jetèrent une quantité prodigieuse de médiocres dans l'étang, ou sur la rive, pour les laisser aux Mongous ; cependant ils ne pêchaient que dans des lieux peu profonds, n'avançant pas plus de quatre pieds dans l'eau ; les plus grands poissons qu'ils prirent, n'allèrent guère qu'à un pied et demi. S'ils eussent eu des barques pour pêcher dans les endroits où l'eau est profonde, ils en auraient pris sans doute de beaucoup plus gros. Quoique le pays où nous marchâmes fut toujours uni, et qu'il n'y parût aucune inégalité, il va néanmoins en s'élevant insensiblement du coté du nord. Nous trouvâmes la hauteur méridienne de 65 degrés 7 minutes, qui donnent 48 degrés 3 minutes de hauteur du pôle. Le 2 nous fîmes quarante-neuf lys droit au nord, tout compté. Notre équipage quitta d'abord le lac, qui court au nord-nord-est depuis le sud-sud-ouest, et prit la route droit au nord, pour venir camper proche la rivière d'Ourson, qui sort du lac Pouir, et va se jeter dans le lac Coulon. Le pays que nous traversâmes était toujours uni, et d'un terrain sablonneux ; après avoir marché douze ou quinze lys, nous découvrîmes une montagne au nord-nord-est qui est fort remarquable, parce qu'elle est seule, et nous fîmes le reste du chemin sans la perdre de vue ; elle nous paraissait dans notre camp au nord-ouest un quart d'ouest, éloignée de cinq ou six lieues. Nous fûmes obligés de camper à deux ou trois lys de la rivière, pour être moins tourmentés des moucherons ; nous ne pûmes pourtant éviter la persécution d'une autre espèce de petites mouches, que nous ne pouvions chasser qu'en faisant allumer du feu à l'entrée de nos tentes avec de la fiente d'animaux, et y conduisant la fumée. Pour nous, au lieu de prendre droit le chemin, nous suivîmes le lac environ vingt lys, pour mieux reconnaître comment il gisait à son extrémité septentrionale, et