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Le 19 nous fîmes 64 lys à l'ouest-nord-ouest, toujours dans un pays fort plat ; nous ne vîmes durant tout le chemin ni arbres, ni montagnes, ni tentes de Mongous, ni eau, jusqu'à ce que nous arrivâmes au lieu où nous campâmes, proche d'une assez grande mare, nommée Tchaptou nor ; l'eau en était chargée de nitre, puante, et saumache. Il y avait aux environs un puits, dont l'eau était passable, mais peu fraîche. Nous y trouvâmes la hauteur méridienne de soixante-cinq degrés cinquante-trois minutes, ce qui donne 47 degrés 24 minutes de hauteur du pôle. Il fit l'après-midi un grand orage de vent, de tonnerre, et de pluie ; le vent ayant cessé, les moucherons recommencèrent à nous persécuter plus que jamais. Le 30 nous fîmes 85 lys au nord un quart et demi de nord-est, toujours dans un pays semblable au précédent, mais encore plus uni à l'horizon, où il ne paraissait pas la moindre hauteur ou inégalité sensible ; nous vînmes camper proche d'un grand lac, nommé Pouir nor, aux environs duquel il y avait plusieurs tentes de Mongous. Avant que d'y arriver, nous trouvâmes en chemin une troupe de hias, et d'officiers des régulos de ce pays, qui venaient saluer nos tagin de la part de leurs maîtres ; peu après vinrent trois ou quatre taikis, frères et fils des principaux régulos kalkas. Les ordres de l'empereur étaient portés avec beaucoup de cérémonie dans des tuyaux enveloppés de satin jaune, et liés sur le dos de deux hommes. Ils étaient précédés de deux grands étendards de l'empereur, de brocard jaune, avec des dragons peints en or, puis d'un parasol magnifique, tel qu'on en porte devant l'empereur, qui était aussi de brocard jaune, avec les dragons peints en or et en argent. Dès que ces taikis virent ces étendards, ils descendirent de cheval à plus de deux cents pas de distance, et après avoir avancé à pied environ cent pas, ils se mirent à genoux, et y demeurèrent jusqu'à ce que cet appareil fut passé assez loin au-delà d'eux ; ensuite ils remontèrent à cheval pour aller trouver les tagin qui suivaient. Nous campâmes au sud-ouest du lac de Pouir, qui est extrêmement grand. Dès que nos tagin furent arrivés, ils se divertirent à pêcher dans le lac ; ils y prirent en très peu de temps, et à chaque coup de filet quantité de poissons, mais il y en avait peu de grands ; les plus considérables furent quelques carpes, qui n'étaient pas fort bonnes, et dont la chair était maigre et dure. Il y avait surtout grande quantité de poisson blanc ; il eut été bon, s'il n'eût pas été si plein d'arêtes. Nous prîmes la hauteur du pôle, qui parut être de 48 degrés 4 minutes. Le premier jour de juillet nous fîmes cinquante six lys au nord, un quart nord-est. Nous côtoyâmes toujours le lac de Pouir, que nous ne perdîmes point de vue. Nous prîmes d'abord au nord-nord-ouest, en nous éloignant un peu du lac, qui s'avance en cet endroit, et fait une espèce de cap vers l'est ; après avoir fait ainsi douze ou quinze lys, nous