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Comme nous étions proche du lieu où le régulo de ce pays fait sa résidence, il vint avec son fils au-devant de nos tagin, pour demander des nouvelles de la santé de l'empereur, et leur fit préparer un festin à la manière tartare, dans le lieu où nous campâmes. Le 19 nous ne fîmes que dix-neuf lys au nord un quart nord-ouest, en remontant le long de la rivière, toujours dans un pays plat ; nous passâmes quelques sables, et nous vînmes camper au lieu où réside le régulo d'Outchou Moutchin sur les bords de la même rivière. Ce lieu s'appelle Gongkeer. Le régulo est tsin vang 1. C’est un jeune homme de vingt-cinq à trente ans. Il a vingt-quatre niurous dans son étendard. Il vint recevoir nos tagin, les mena chez lui, c'est-à-dire, dans ses tentes, qui étaient, dit-on, belles et propres, et les régala à sa manière de viandes de mouton et de bœuf, de lait, et de crème, puis il les conduisit à leurs tentes. Nous trouvâmes la hauteur méridienne de soixante-huit degrés trois minutes ; ce qui donne de hauteur du pôle quarante-quatre degrés quatre minutes. Le 20 nous séjournâmes, pour donner le loisir à nos gens de se pourvoir de moutons, et de changer quelques chevaux et quelques chameaux. Le 21 nous fîmes quatre-vingt-dix lys, toujours au nord-est, dans un pays plat et uni. Nous repassâmes d'abord la rivière de Palouhour, à douze ou quinze lys environ du lieu où campe le régulo ; nous trouvâmes beaucoup de tentes de Mongous dispersées çà et là. Les deux premiers lys de cette plaine étaient remplis de très bons fourrages, ce n'est plus ensuite que des sables qui rendaient le terrain inégal. Après y avoir marché vingt lys, nous passâmes à la vue d'un étang, nommé Coudon nor, que nous laissâmes à l'ouest ; ensuite nous continuâmes toujours notre chemin dans un pays plat à perte de vue ; car on ne voyait des montagnes qu'au sud-est, mais fort loin. Le terrain était partout fort sablonneux, et les pâturages très maigres ; aussi ne vîmes-nous pas une seule tente ; à quatorze lys de Coudon nor nous vîmes encore un autre étang, nommé Keremtou nor, et nous vînmes camper proche de trois ou quatre mares d'eau, qui ne sont, à ce que je crois, qu'un amas d'eau de pluie. Cette eau n'avait aucun mauvais goût, et était assez claire ; mais étant bouillie, elle devenait toute trouble, et il s'élevait une espèce de pellicule au-dessus, qui était assez épaisse. C'était du nitre dont tout le terrain est plein, et qui rend la terre fort molle, en sorte qu'en bien des endroits les chevaux ne sauraient marcher sans enfoncer considérablement, surtout dans les lieux où il ne croît point d'herbe. Il y avait aux environs de bons fourrages en abondance, mais il n'y avait point de bois à brûler ; il fallut se servir de fiente d'animaux. Le lieu où nous campâmes s'appelle Patchai coubour. Nous prîmes la hauteur méridienne en chemin, après avoir fait soixante-dix lys, et