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trouvâmes quatre-vingt haires de vaches et de bœufs, et cent trente troupeaux de moutons de l'empereur rangés en une file sur le bord du grand chemin ; il y a cent bêtes à cornes dans chaque haire, et trois cents moutons dans chaque troupeau ; on me dit qu'il était mort de maladie vingt mille moutons des troupeaux de l'empereur, depuis le commencement du printemps dernier ; et qu'il en était mort bien davantage à proportion dans les troupeaux des particuliers. La hauteur du pôle du lieu où nous campâmes est de 41 degrés 8 minutes. C'est une vallée arrosée d'un gros ruisseau de très bonne eau. Les environs sont pleins de bons pâturages. Le 26 nous fîmes soixante lys presque droit à l'est ; nous prîmes en quelques endroits un peu de nord ; le chemin à peu près semblable à celui des jours précédents, mais on ne voyait plus aux environs des montagnes si hautes ; ce n'était presque partout que des collines couvertes de bons pâturages. Après avoir fait environ quarante lys, nous passâmes proche d'un hameau, où il y avait quelques maisons de bois enduites de terre, mais la plupart ruinées. Nous vînmes camper en un lieu nommé Queytou poulac, du nom d'une grande fontaine qui est là. On trouve aux environs plusieurs mares d'eau ; nous vîmes encore sur le chemin quelques haires de vaches, et quelques troupeaux de moutons de la dépendance du Tribunal des rits, ou Li pou, d'où l'on tire les victimes destinées aux sacrifices, dont ce Tribunal a soin. L'empereur vint toujours en chassant dans les montagnes. Le 27 nous fîmes 50 lys à l'est, tout compté, car comme nous marchâmes presque toujours dans des collines, la plupart pleines de pierres et de roches qui sortent de terre, nous fîmes souvent de petits détours, tantôt au nord, et tantôt au sud ; nous montâmes et descendîmes plusieurs de ces collines, et nous trouvâmes plusieurs vallées arrosées par de gros ruisseaux. Nous vîmes un très grand nombre de haras de l'empereur, et de haires de vaches, qui sont nourries dans ce pays, lequel fournit d'excellents pâturages. C'étaient les mêmes que nous avions vus au mois de novembre dans le voyage précédent, mais ils n'étaient pas si gras à beaucoup près, car comme ces bestiaux et ces troupeaux ne sont entretenus toute l'année que de l'herbe qui est dans la campagne, ils maigrissent durant l'hiver, et vers le commencement du printemps, que ce qui reste d'herbe sur la terre se pourrit, les bestiaux n'ayant alors que des racines qu'ils déterrent avec la corne de leurs pieds. Quand il se met en ce temps-là quelque maladie contagieuse dans les troupeaux, il en meurt une infinité. Ils se rétablissent avec l'herbe naissante, qui ne sort de terre que vers le milieu de mai dans ces pays extrêmement froids, et comme ils ne travaillent point, ils deviennent extrêmement gras vers la fin de l'automne. Durant les mois de juillet et d'août ils ne profitent guère, parce qu'ils sont tourmentés des moucherons. Au reste le terrain allait toujours en s'élevant ; aussi ce pays était fort froid, et comme il fit tout le jour un assez grand vent de nord-ouest, l'air, quoique serein, était si froid, que la plupart des gens de la suite de l'empereur étaient