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du côté du sud, et nous vînmes camper à Tonskai, où il y avait de fort bonne eau en quantité, et abondance de fourrages. La hauteur du pôle y est de quarante degrés vingt-une minutes. Ce jour-là on publia dans le camp une agréable nouvelle, qu'on avait reçu la veille, savoir, que le Caldan était mort le treizième de la troisième lune, c'est-à-dire, le troisième de mai ; que Tanguilan son neveu venait avec le corps et la famille du Caldan, et tout ce qui lui restait de gens, pour se soumettre à l'empereur. Ce fut un grand sujet de joie dans tout le camp ; car on était ravi de voir cette guerre entièrement terminée. Le 7 nous fîmes quarante lys, et nous vînmes camper sur le bord du Hoang ho, en un lieu nommé Coutan hojo. On commença à passer la rivière dès qu'on fut arrivé. La hauteur du pôle de ce lieu est de quarante degrés dix-neuf minutes. Les 8, 9, 10, 11 et 12 nous séjournâmes, et on acheva de passer la rivière. Le 13 ayant su que l'empereur devait arriver ce jour-là en barque proche de notre camp, nous nous avançâmes au nord jusques à l'embouchure de la petite rivière de Tourghen, qui se jette dans le Hoang ho, vis-à-vis de l'ancienne ville de Toto, afin d'y recevoir l'empereur, et de lui faire nos compliments de conjouissance sur la mort du Caldan, et sur la ruine entière de ses gens. L'empereur étant arrivé assez tard, voulut camper proche de l'embouchure du Tourghen. On y fit aussitôt venir tout notre camp, qui en était à dix-huit ou vingt lys. L'empereur nous ayant aperçu sur le bord de la rivière, nous témoigna sa bonté ordinaire par un souris, et en nous montrant de la main d'aussi loin qu'il nous vit, il nous envoya le soir un des eunuques de sa chambre, avec un autre officier de sa suite, pour nous raconter en détail la mort du Caldan, et la dispersion de sa famille. Il nous fit dire que ce prince, réduit aux dernières extrémités, et abandonné de ses meilleurs sujets, s'était empoisonné lui-même, pour éviter de tomber entre ses mains. Le 14 nous séjournâmes. L'empereur ordonna qu'on distribuât ce jour-là une provision de riz à tous les gens de sa suite. Le 15 nous fîmes soixante lys à l'est, toujours dans un pays fort uni, excepté une petite hauteur de terre sablonneuse que nous montâmes après avoir fait environ dix lys ; nous vînmes camper proche d'un petit hameau de Mongous, où il y avait une fontaine d'une eau fort bourbeuse, aux environs de laquelle nous vîmes encore une grande enceinte de murailles de terre. C'était une ville du temps que régnaient les Yuen. Le terroir en est fort bon, et se pourrait cultiver. Il ne l'est pourtant qu'en quelques endroits, et assez peu. Il est plein de bons fourrages. Le lieu où nous campâmes, s'appelle en chinois Chui tsuen, et en Mongou, Orghikou poulac. Le 16 nous fîmes soixante lys à l'est. Après avoir fait les sept ou huit premiers lys, nous entrâmes dans les montagnes qui environnent la Chine de ce côté-là, et qui continuent jusqu'à Leao tong. Nous fîmes le reste du chemin dans ces montagnes, qui ne sont ni fort hautes, ni fort rudes