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revenu des terres qui sont aux environs, et qui appartiennent à la pagode, de même qu'un étang qui en est proche, et qui fournit des roseaux suffisamment pour leur chauffage pendant toute l'année. On ne voit point de villages dans cette campagne, mais on la peut appeler un village continuel ; car les maisons des paysans y sont répandues de tous côtés, environ à cent pas l'une de l'autre, plus ou moins. Chacun a sa maison dans les terres qu'il cultive ; ces maisons ne sont que de terre, et on assure que la pluie n'y pénètre point. Enfin ce pays est un des plus beaux et des meilleurs que j'aie jamais vus ; aussi les vivres y sont-ils à grand marché, et c'est ce qui y attire un peuple infini. Le 5 nous partîmes de Ning hia, et nous fîmes soixante-dix lys environ, au nord-nord-est, et toujours dans un pays uni et bien cultivé. Plus on s'éloigne de Ning hia, en s'approchant des montagnes, moins il y a de maisons dans la campagne, et moins les terres sont belles ; il ne laisse pas d'y avoir de temps en temps des canaux tirés du Hoang ho pour arroser les terres. A quarante lys de Ning hia, nous passâmes proche d'un petit bourg fermé de terre, nommé Yao fou pou, et nous vînmes camper proche d'un village. Le 6 nous fîmes cinquante lys au nord-nord-est ; après en avoir fait un peu plus de trente, nous passâmes dans un bourg bien fermé de murailles de briques, mais sans tours ni boulevards ; il se nomme Pin lo tchin ; puis nous campâmes à deux ou trois lys de la grande muraille, proche d'un canal du Hoang ho, tiré exprès, pour ramasser les eaux qui s'écoulent dans la campagne des environs, à ce que je crois ; car le grand canal est beaucoup au-dessous du niveau de la campagne. La hauteur du pôle de la grande muraille en cet endroit, est de trente-neuf degrés deux minutes. Ce lieu se nomme Liou fou mou hé. L'empereur s'éloigna du grand chemin pour aller chasser proche des montagnes nommées Holang chan, et en tartare, Alajan alin. Ces montagnes sont au nord de Ning hia, et courent presque est-ouest dans l'étendue de trois ou quatre cents lys. On m'a dit qu'il y avait trois cent soixante passages, dont la plupart sont fermés de murailles. Il y en a cependant quelques-uns où on a laissé des portes ouvertes. Ces passages sont gardés par des soldats chinois qui dépendent du tsong ping de Ning hia. La grande muraille aboutit d'un côté vers l'extrémité orientale de cette chaîne de montagnes, et elle recommence à l'extrémité occidentale ; elle est interrompue dans toute l'étendue de ces montagnes, où elle serait inutile. Ces montagnes n'ont que neuf à dix lys de profondeur en plusieurs endroits, et immédiatement au-delà est le séjour d'un prince eluth, nommé Patourou tchonom, qui y vit avec ses gens, à la manière des Tartares, du revenu de ses troupeaux. Il est de la maison du Caldan, et s'étant brouillé avec lui, il vint, il y a sept ou huit ans, se soumettre à l'empereur, qui l'a depuis fait peilé, ou régulo du troisième ordre. Ce pays appartenait proprement aux Kalkas, qui l'ont abandonné depuis les guerres qu'ils ont eu avec les Eluths.