Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/454

Cette page n’a pas encore été corrigée

mauvais augure, tandis que l'empereur et les grands Mantcheoux de la cour s'en divertirent. Le 23 l'empereur alla prendre le divertissement de la pêche et de la chasse, sur un lac qui est à dix lys d'ici ; il tua plusieurs oiseaux de rivière. Les 24 25 et 26 nous séjournâmes, et l'empereur ne fit point d'autre exercice que de tirer de l'arc avec ceux de ses officiers, qui en savent le mieux tirer. Le 26 il nous envoya des raisins secs de deux sortes ; on les apporte ici de Si ning, ou de Tou tou fan, et des pays des Yusbeks. Sa Majesté nous fit demander, si nous en avions de la même espèce en Europe. On y voit aussi des raisins de Corinthe qui viennent par la même voie, et on en présenta quantité à l'empereur, lorsqu'il arriva en cette ville, avec plusieurs pièces de serges de toutes sortes de couleurs ; on en fabrique en ces quartiers-là de fort fines et de propres, mais les plus propres sont apportées par les marchands mores qui viennent du côté des Yusbeks, pour trafiquer à la Chine. On présenta aussi à Sa Majesté plusieurs tapis de pieds, assez semblables à nos tapis de Turquie, mais plus grossiers ; on les fait ici, et l'empereur eut la curiosité d'en faire travailler en sa présence, aussi bien que du papier, qui se fait à Ning hia avec du chanvre battu et mêlé dans de l'eau de chaux. Les mandarins du pays offrirent à l'empereur plusieurs chevaux, mules, et mulets ; car c’est surtout dans ces frontières, jusqu'aux confins de la province de Chen si, qu'on nourrit quantité de ces mules, et c'est d'ici que sortent les meilleures qu'il y ait dans la Chine. Le 27 les deux petits mandarins, que l'empereur envoya sur la fin de l'année passée au Caldan avec l'ambassadeur de ce prince, pour l'assurer que s'il venait de lui-même, il le traiterait bien, arrivèrent à Ning hia, et rapportèrent qu'à l'audience qu'ils eurent du Caldan, il répondit qu'il lui fallait délibérer avec ceux de son Conseil de la manière dont il devait se soumettre, que cependant il priait l'empereur de lui marquer en détail quelle sorte de traitement il lui ferait. Les deux envoyés jugèrent que le Caldan n'avait nulle envie de venir se rendre, et qu'il ne cherchait qu'à gagner du temps pour pourvoir à sa sûreté. Ce soupçon était confirmé par l'ambassadeur même qui était venu l'année précédente ; car étant retourné auprès de son maître, et ayant taché de lui persuader de venir se rendre à l'empereur, il aperçut que le Caldan n'agissait pas de bonne foi, et qu'il ne cherchait qu'à amuser Sa Majesté par de belles paroles. C'est pourquoi le Caldan lui ayant proposé de retourner une seconde fois vers l'empereur, il refusa la commission, s'excusant sur son grand âge. Peu après il rassembla sa famille, et prit la fuite pour venir se rendre à l'empereur. Il eut le malheur d'être rencontré par le lama Han houksan houtouktou, qui avait deux ou trois cents cavaliers ; il fut attaqué par cette troupe. Une grande partie de ses gens demeurèrent ou tués sur la place, ou prisonniers ; tout son bagage fut pillé, il fut dangereusement blessé lui-même, et eut de la peine à se sauver avec sa femme, son