Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

vint trouver l'empereur sur la route. Sa Majesté le traita avec plus d'honneur qu'elle n'a encore fait aucun prince étranger. Il alla le recevoir jusqu'à la porte de la seconde cour de la maison où il était logé ; il accepta les présents, qui consistaient en beaucoup de pastilles, en des étoffes assez semblables à notre ratine, dont nous faisons des doublures de manteaux et de juste-au-corps pour l'hiver, en des grains de corail, etc. Le lama dit à l'empereur que le vieux talai lama était effectivement mort depuis seize ans, mais qu'avant que de mourir, il les avait assurés qu'il ressusciterait l'année suivante, et qu'il leur avait marqué le lieu où il devait renaître ; qu'il leur avait recommandé en même temps de le bien élever jusqu'à l'âge de quinze ans, que cependant ils tinssent sa mort très secrète, et qu'ils répondissent à ceux qui demanderaient de ses nouvelles, qu'il était en retraite ; que la seizième année après sa mort, en la dixième lune, ils envoyassent à l'empereur un petit paquet qu'il leur remit entre les mains, dans lequel il y avait une lettre pour Sa Majesté, et une statue de Fo, ou plutôt de sa propre personne ; car il se dit le Fo vivant. Il ajouta, que comme l'intention du talai lama était que sa mort ne se sût que la dixième lune de cette année, il priait Sa Majesté de vouloir garder le secret jusqu'à la dixième lune, et de n'ouvrir le paquet qu'il lui remettait qu'en ce temps-là. L'empereur le lui promit ; mais comme il voulait être obéi sur les trois autres points, il envoya deux petits mandarins en compagnie de cet envoyé à Poutala, avec une lettre pour le tipa, par laquelle il lui ordonnait d'envoyer la fille du Caldan, et le lama qu'il avait demandé, et de déterminer le temps auquel Pantchan houtouktou se rendrait auprès de lui. Deux jours après leur départ, un officier que Sa Majesté avait dépêché vers le neveu du Caldan, nommé Tchar har arbtan, étant venu rendre compte à l'empereur de sa négociation, lui dit que dans la deuxième lune de cette année, un envoyé du talai lama avait apporté au même Arbtan la nouvelle de la mort du talai lama, et sa prétendue renaissance ; que cette année en la sixième lune, le jeune talai lama, âgé de quinze ans, sortirait de sa retraite, et commencerait à paraître en public, et à donner des audiences. L'empereur surpris qu'on lui eut fait un mystère d'une chose qui se publiait ailleurs, envoya sur-le-champ en poste rappeler Nimata houtouktou, et les deux officiers qu'il y avait joints. Ce lama répondit qu'il ne savait point ce qui avait été publié ailleurs, mais qu'il avait exécuté les ordres que lui avait donné le tipa. L'empereur lui dit que puisque la mort du talai lama était publiée ailleurs, il n'était pas nécessaire de la tenir plus longtemps secrète. Aussitôt il fit appeler ce qu'il y avait de princes mongous à sa suite, et il fit ouvrir le paquet que le Nimata houtouktou lui avait remis. Comme on l'ouvrait, la tête de la statue de Fo tomba à terre, le reste demeurant dans la main de celui qui tenait le paquet. Houtouktou en eut de la confusion. Les princes mongous qui étaient présents, en tirèrent