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Peking. Il y avait en ce temps-là un célèbre tsong ping, qui gardait ce passage, et une ville assez grande, nommée Nin gou, qui est à vingt-neuf lys de Yang fang keou. Il tint tête durant plusieurs mois à ce chef de l'armée, et lui aurait entièrement fermé le passage, s'il n'avait pas été tué par trahison ; encore sa femme résista-t-elle après la mort de son mari, et mena ses soldats à la charge, jusqu'à ce qu'elle fût tuée elle-même. Les gens du pays ont bâti un temple à ce tsong ping, qui s'appelait Tcheou, pour honorer sa mémoire ; et l'empereur y envoya deux officiers de sa maison pour le même sujet. Au reste les tours de cette muraille regardent l'orient ; il n'y a aucune défense du côté de l'occident. Le 17 nous fîmes soixante-dix lys, la plupart droit à l'ouest ; quelquefois nous prîmes tant soit peu du sud, et plus souvent un peu du nord, en sorte que la hauteur du pôle, prise par la hauteur méridienne du soleil, se trouva augmentée de trois minutes depuis le jour précédent, car elle fut trouvée de 39 degrés 21 minutes. Le terrain que nous traversâmes était beaucoup plus inégal, et la vallée plus étroite ; les montagnes des deux côtés moins hautes ; grande quantité de fossés que les eaux avaient creusés dans ces terres sablonneuses et peu liées ensemble. Nous vîmes partout dans ces collines, proche desquelles nous passâmes, beaucoup de maisons qui ne sont que de terre ; nous en avions déjà vu plusieurs dès que nous fûmes entrés dans la province de Chan si, mais non pas en si grand nombre que les deux ou trois derniers jours. Il y a des portes et des fenêtres à leurs chambres, qui sont faites en espèce de voûte ; ils blanchissent la terre avec de la chaux, et ils y collent du papier, en sorte qu'elles sont aussi propres en dedans que si elles étaient bâties de briques. Nous campâmes proche d'un bourg, fermé de murailles de briques, nommé San cha. Nous vîmes le long du chemin plus de villages que les jours précédents, et la terre me parut meilleure. On me dit que la grande muraille était au nord à cent lys de nous. Le 18 nous fîmes cinquante lys, partie au sud-ouest, partie à l'ouest, mais comme le chemin était fort inégal et plein de collines et de fossés, nous fîmes tant de tours et de détours, qu'il est malaisé de déterminer précisément combien valut la route, vu surtout que nous ne pûmes prendre la hauteur du soleil, le ciel ayant été couvert presque tout le jour, surtout depuis le matin jusqu'à midi, qu'il y neigea sans discontinuer à gros flocons. Nous passâmes et repassâmes plusieurs fois un ruisseau ou une petite rivière qui n'a point de nom, dont les eaux sont extrêmement troubles ; elle coule au sud-ouest, et va se jeter dans le Hoang ho. On avait détourné son cours pour la faire passer proche de notre camp, parce qu'il n'y avait de l'eau qu'à plus de dix lys de là. Les chemins eussent été fort difficiles pour l'équipage, si on ne les eut pas raccommodés pour le passage de l'empereur.