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plupart sont fort riches ; nous couchâmes à Kieou pao ngan, qui est une ville assez grande, dont les maisons sont aussi bien bâties qu'à Peking ; la plupart des boutiques y sont même aussi belles. L'empereur logea dans la maison du principal de ses fermiers ; c'était un palais. Le temps fut serein tout le matin, ensuite il s'éleva un vent de nord-est qui couvrit un peu l'air, et après midi le vent étant devenu tout à fait nord, il fut assez violent jusqu'au soir, et il fit fort froid. Le 10 nous fîmes 110 lys, nous repassâmes la rivière, et revînmes joindre le grand chemin de Suen hoa à Peking proche de Cha tching, de là nous passâmes à Tou mou, et nous vînmes coucher à Hoay lay. Le temps fut serein tout le jour, mais il fit un vent de nord-ouest très violent, et très froid ; bien nous en prit de l'avoir à dos. Le 11 nous fîmes 110 lys, et nous couchâmes à Tchang ping tcheou, après avoir repassé le détroit des montagnes de Nan keou. Le prince héritier, accompagné de cinq de ses frères, et des Grands de l'empire qui étaient restés à Peking, vinrent au-devant de l'empereur au milieu du détroit, dans un bourg, nommé Kin yüm quan, où l'on s'arrêta quelque temps. Les chefs des principaux tribunaux, et tous les autres mandarins tartares, ou tartarisés, du premier ou du second ordre, vinrent pareillement au-devant de Sa Majesté jusqu'à l'entrée du détroit. Les mandarins des ordres inférieurs n'ont pas droit d'aller si loin. Les régulos et les princes du sang saluèrent l'empereur un peu avant qu'il entrât à Tchang ping tcheou. Le temps fut serein tout le jour ; il fit un vent de nord, mais moins violent que les jours précédents, et par conséquent moins froid ; nous sentîmes surtout que le vent diminuait quand nous eûmes passé le détroit de Nan keou. Le 12 nous arrivâmes à Peking, après avoir fait 70 lys ; les mandarins qui n'étaient pas venus le jour précédent au-devant de l'empereur, sortirent de la ville, et saluèrent Sa Majesté sur le grand chemin, les uns plus loin, les autres plus près de la ville, selon le rang de chacun ; on avait rangé tous les gens du Tribunal de Luoan youei, depuis la porte de derrière de l'enceinte du palais, jusque bien avant hors des portes de la ville, des deux côtés des rues et du chemin par où l'empereur devait passer. Ils portaient ou traînaient toutes les marques de la dignité impériale, comme il se pratique dans les grandes cérémonies. Quoique l'empereur n'ait pas coutume de faire observer ce cérémonial dans ces sortes de voyages, il le fit en cette occasion, pour donner une haute idée de sa grandeur et de sa magnificence aux Eluths, qui venaient de se soumettre à sa domination. Le temps fut serein et presque sans vent tout le jour, et fort doux pour la saison.


Septième voyage du père Gerbillon en Tartarie, fait à la suite de l'empereur de la Chine en l'année