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de ce caractère commun à ces nations tartares, on concluait que les Mongous n'ont pas un esprit capable des affaires et des sciences. Ceux qui se rendirent enfin maîtres de la Chine l'an 1264 au sentiment même des Chinois, gouvernèrent avec une grande réputation d'habileté et de droiture ; et on voit encore en quelques endroits de la Chine, des monuments de pierre partagés en deux colonnes, avec des inscriptions écrites en caractères chinois, et mongous : ce qui paraît avoir été imité par les Mantcheoux, maîtres aujourd'hui de la Chine, puisque les actes des tribunaux de l'empire, et les inscriptions publiques, s'écrivent dans l'une et l'autre langue. Les caractères mongous de ces monuments anciens, sont entièrement les mêmes que ceux des Mongous d'à présent, mais ils sont différents des mantcheoux, dont l'invention n'est pas plus ancienne que la famille régnante. Ils n'ont surtout aucun rapport avec les lettres chinoises, et ne sont pas plus difficiles à apprendre que les nôtres. On les écrit sur une espèce de tablettes avec une pointe de fer. Ce qui fait que c'est une chose rare et précieuse parmi tous ces Mongous, d'avoir quelques livres faits à leur manière. L'empereur, pour leur faire plaisir, en a fait traduire quelques-uns en leur langue, qu'on imprime à Peking sur du papier. Le calendrier du Tribunal des mathématiques qu'on leur distribue chaque année, gravé en caractères mongous, est maintenant un des livres les plus ordinaires qui se trouvent parmi eux. Les lamas sont ceux qui en savent le plus, et qui pourraient instruire les autres : mais ils trouvent mieux leur compte à parcourir les tentes, et à y réciter certaines prières, pour lesquelles on leur donne un certain salaire, ou à exercer la médecine dont ils se piquent, qu'à faire les maîtres d'école. De sorte qu'on ne trouve que peu de Mongous qui sachent lire et écrire. Parmi les lamas même, il n'y en a pas beaucoup qui entendent entièrement leurs prières, et les livres anciens de leur religion, parce que ceux-ci de sont écrits dans une ancienne langue qu'on ne parle plus, et que celles-là sont entremêlées de plusieurs termes, et de quelques phrases de ces écrits originaux. Ces prières récitées d'un ton grave et assez harmonieux, font presque tout leur culte religieux. On n'y voit ni victime, ni sacrifice. Les Mongous se mettent souvent à genoux devant eux, et tirent le bonnet pour recevoir l'absolution de leurs fautes, ne se levant point qu'ils n'aient reçu l'imposition des mains. Ils sont communément persuadés que les lamas peuvent faire tomber la grêle et la pluie, et des mandarins témoins oculaires nous ont raconté certains faits, qui ne prouvent que trop ce que nous avions entendu dire à Peking, que parmi les lamas la sorcellerie est en usage. Les lamas mongous ne croient pas la métempsycose, au moins sur l'article du changement des hommes en bêtes ; aussi mangent-ils de la chair des animaux, dont ils nourrissent de grands troupeaux, et de ceux que leurs gens prennent à la chasse, ce qui arrive le plus souvent : car sans ce secours, leurs moutons ne suffiraient pas pour leur subsistance.