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de là dans le Hoang ho. Elle était toute glacée. Elle coule au pied de la ville de Toto, près de laquelle nous passâmes. Cette ville est carrée comme celles de la Chine ; ses murailles ne sont que de terre, mais d'une terre si bien battue, qu'elle ne s'est éboulée nulle part depuis trois ou quatre cents ans et plus, qu'elle est bâtie. Nous vînmes camper sur le bord du Hoang ho, en un endroit où ce fleuve était entièrement glacé, et où on le pouvait passer ; mais comme il était tout couvert de glaçons, et par conséquent fort inégal, Sa Majesté ordonna qu'on unît le chemin en cet endroit-là, afin de le passer plus commodément. Cette plaine est remplie de très bons fourrages, l'herbe était en plusieurs endroits si haute, qu'on n'y voyait pas marcher les chevaux ; il y avait des faisans en quelques endroits et des cailles, mais peu, et encore moins de lièvres. L'empereur, après avoir passé le Tourghen, fit le reste du chemin en chassant, et prit quelques faisans. Le temps fut fort froid le matin ; mais ensuite assez doux pour la saison, et toujours serein et presque sans vent. Le 30 nous passâmes le Hoang ho, qui était suffisamment glacé pour porter toutes les bêtes de charge. Nous entrâmes dans le pays nommé Ortous ; ce pays est tout environné du Hoang ho, et de la grande muraille de la Chine. Ce fleuve forme un grand arc, qui a environ quatre cens lys nord et sud-est, mille quatre cents est-ouest, et tout le pays compris dans cet arc s'appelle Ortous. Il est habité par six étendards de Mongous, tous soumis à l'empereur de la Chine ; ces six étendards font en tout cent-soixante-quinze nurous ou compagnies, chacune de cent cinquante chefs de famille ; plusieurs de ces chefs de famille ont beaucoup de gens sous eux, en sorte que l'un portant l'autre, on peut bien compter mille personnes dans chaque compagnie, selon le rapport qui m'en a été fait par le président du Tribunal des Mongous, qui a le rôle de toutes ces familles. Ces Mongous errent çà et là comme les autres, avec leurs troupeaux, et demeurent sous des tentes. Il y en a bien peu qui cultivent quelques morceaux de terre. Comme il y a beaucoup de sables qui forment de petites hauteurs, et rendent le pays inégal en plusieurs endroits, et que cependant il y a beaucoup d'herbes fort hautes et de buissons, on y trouve quantité de lièvres, qui se plaisent dans ces sables, et beaucoup de faisans et de perdrix dans les lieux où les herbes sont fort hautes et épaisses ; les princes et les principaux chefs de ces Tartares Mongous d'Ortous, vinrent recevoir l'empereur à l'entrée de leur pays, et amenèrent un grand nombre de leurs gens pour former des enceintes de chasse, et divertir Sa Majesté. Notre équipage fit environ quarante-cinq lys au sud-ouest, nous en fîmes bien davantage à la suite de l'empereur, qui marcha tout le jour en chassant, et tua grand nombre de lièvres et de faisans ; on en prit aussi beaucoup avec les oiseaux de proie et à la main. Il y avait aussi une très grande quantité de perdrix, mais on ne s'y amusa pas ; les gens de l'équipage qui suivaient,