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har Arbtan han est le plus fier, le moins traitable, et le plus puissant des princes tartares voisins de l'empire : il est maître de Tourfan. C'est une ville assez bonne et fameuse dans la Tartarie occidentale ; elle n’est éloignée de Hami que de six à sept journées, si on ne craint pas de passer une branche du Cobi ; mais elle en est à dix journées, quand on va par les collines qui sont au nord de Hami et qui sont plus commodes pour les voyageurs. Il possède encore quelques autres places, dont on a fait une carte, partie sur ce que nous avons appris à Hami, partie sur le journal des envoyés de l'empereur à ce prince qui demeure fort loin sous des tentes, et partie sur les mémoires des généraux des armées impériales. On remarquera dans cette carte que les villes ne sont point liées par des suites de villages, et qu'ainsi allant de l'une à l'autre, on ne trouve point de maison où l'on puisse se retirer chaque jour. Ce qui vient sans doute, et du génie des Tartares, qui la plupart aiment mieux une tente qu'une maison, et de la nature des terres qui étant entrecoupées par les branches du Cobi, ne sont habitables qu'en certains quartiers. Mais enfin c’est toujours un avantage de la Tartarie occidentale sur l'orientale, de trouver de temps en temps des villes, où il y ait de quoi se pourvoir et se reposer : au lieu qu'en venant vers l'orient, on n'en trouve aucune dans tout le pays des Mongous soumis à cet empire. Ce genre de vie est d'autant plus surprenant, qu'il y a quelques-unes de ces nations qui habitent auprès de la grande muraille, et qui ne peuvent ignorer les grands avantages qu'on retire de la société et du concours des peuples. Les Mongous nommés Ortos ta tse sont renfermés dans un grand circuit que fait le Hoang ho ou fleuve Jaune, qui sortant de la Chine, non loin de la belle ville de Ning hia, y rentre ensuite en coulant vers Pao te tcheou : ainsi ils sont bornés au sud par la grande muraille, qui n’est là que de terre battue, aussi bien que dans tout le Chen si, et qui n’est haute que d'environ quinze pieds : ils ont même eu au-delà de la grande muraille sur le Hoang ho une ville nommée Toto, qui était assez grande, comme il paraît par ce qui en reste de vestiges ; cependant ils n'en sont ni plus habiles, ni plus portés à bâtir. Divisés en plusieurs petits princes sous six bannières, ils n'aiment à se distinguer les uns des autres, que par la grandeur et par le nombre de leurs tentes, et par la multitude de leurs troupeaux : ils bornent leur ambition à conserver le rang que leur ont laissé leurs ancêtres, et ne donnent du prix aux choses, qu'à proportion de leur utilité, sans se soucier de ce qui est beau et précieux. Ils paraissent toutefois contents et sans inquiétude, d'un beau naturel, d'une humeur gaie, toujours disposés à rire, nullement rêveurs, jamais mélancoliques. Quel sujet en effet auraient-ils de l'être, n'ayant ordinairement ni voisins à ménager, ni ennemis à craindre, ni grands à contenter, sans affaire difficile, sans occupation gênante, ne se plaisant qu'à la chasse, à la pêche, et aux exercices du corps, auxquels ils sont fort adroits. Mais on se tromperait, si