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de la dignité impériale, rangés sur des lignes. Ils marchèrent en cet ordre jusque dans la ville, où tout le peuple était à genoux sur le grand chemin et à l'entrée du bourg, dont l'enceinte est de terre ; les femmes étaient aussi rangées sur une ligne à genoux. En approchant de la principale pagode, où l'empereur devait loger, il y avait bien deux cents lamas rangés en haie, les uns avec leurs instruments de musique, qui sont fort grossiers, les autres avec des étendards de diverses figures, tous revêtus de leurs habits de cérémonie, qui consistent en un manteau jaune ou rouge, qui leur couvre tout le corps depuis le col jusqu'aux pieds, et une demie mitre de drap jaune, avec une frange de laine qui est sur toute la couture. Ils occupaient un fort grand espace jusque dans la pagode où était le principal lama, qu'ils appellent houtouktou. L'empereur entra dans la pagode, et après avoir mangé dans l'appartement qu'on lui avait préparé, il alla visiter les autres pagodes principales. Il y en a trois considérables, qui ont chacune leur houtouktou, et grand nombre de lamas, qui ne vivent pourtant pas en communauté, et qui sont à peu près comme nos chanoines, ayant chacun leur bien à part, ils s'assemblent seulement dans leurs pagodes pour y faire leurs prières. Le temps fut serein et assez tempéré tout le jour. Le 8 nous séjournâmes. L'empereur après avoir dîné, alla visiter la forteresse, qui est à demi démantelée, quelques autres pagodes, et ensuite il alla camper hors du bourg. Aussitôt qu'il y fut arrivé, il donna audience à un ambassadeur du talai lama, qui était arrivé ce jour-là. L'empereur lui parla assez fièrement, sur ce que son maître ne lui avait pas envoyé la fille du Caldan qu'il lui avait fait demander, le menaçant de lui faire la guerre s'il ne la lui envoyait. Cet ambassadeur fit présent à l'empereur de plusieurs pièces d'une espèce de drap, semblable à celui qui nous sert en Europe à faire des doublures et des camisoles ; il apporta encore diverses sortes de pâtes de senteur pour brûler. Le 9 nous séjournâmes au même lieu, et Sa Majesté fit un festin solennel aux soldats mongous qui s'étaient trouvés au dernier combat, et à ceux de la Tartarie orientale du côté de Nincota Aygou, qui ayant campé tout l'été sur la frontière pour observer les mouvements des Eluths, étaient venus avec leur général pour saluer l'empereur. L'ambassadeur du talai lama, qui était accompagné de plusieurs lamas, et les principaux lamas qui demeurent à Houhou hotun, furent du festin, et furent placés, les houtouktous parmi les régulos et les princes mongous, et les ambassadeurs parmi les Grands de l'empire. Durant ce festin on leur donna le divertissement de divers instruments qu'on fit jouer, et de la lutte ; plusieurs Mongous luttèrent contre des Mantcheoux et des Chinois. Le temps fut, comme les jours précédents, serein et tempéré. Le 13 nous séjournâmes encore. Le temps fut un peu couvert le matin, mais ensuite il s'éleva un vent d'ouest qui dissipa