Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/413

Cette page n’a pas encore été corrigée

ordinairement fort froide en ce pays-là ; après midi il fit un assez grand vent de nord, prenant un peu de l'ouest. Le 24 nous fîmes quarante-cinq lys environ au nord-ouest, et nous vînmes camper au milieu d'une grande plaine remplie de très bons pâturages ; aussi est-elle destinée à nourrir les troupeaux de l'empereur. Un gros ruisseau, ou plutôt une petite rivière traverse cette plaine ; avant que d'y arriver, nous grimpâmes une montagne fort haute, nommée Hinkan tabahan ; et en la grimpant, nous sentîmes un froid beaucoup plus piquant qu'il n'était auparavant, quoiqu'il fît toujours un médiocre vent de nord-ouest. Aussi cette montagne était-elle toute couverte de neige, et les ruisseaux qui y prennent leur source, étaient tous glacés. Quoiqu'il faille beaucoup monter venant du côté de la Chine pour arriver à son sommet, on descend fort peu de l'autre côté, la campagne y étant presque aussi élevée que le sommet de la montagne ; c'est pourquoi il y fait fort froid. Cependant quand nous arrivâmes au lieu où nous devions camper, qui se nomme Carapalassou, nous y trouvâmes l'air plus tempéré ; il est vrai que c'était vers le midi ; à l'entrée de cette plaine nous trouvâmes un très grand nombre de troupeaux de bœufs et de vaches appartenant à l'empereur. On m'a assuré qu'on en nourrissait quarante mille dans ces plaines. Le temps fut fort serein avec un vent de nord-ouest assez frais. Le 25 nous fîmes 45 lys, toujours à peu près au nord-ouest ; nous en fîmes environ trente dans la même plaine où nous avions campé ; nous passâmes d'abord une petite rivière, nommée Pourastai, et après avoir quitté la plaine, nous passâmes une colline presque toute couverte de pierres qui sortaient de terre, et nous entrâmes dans une autre plaine à perte de vue, où nous trouvâmes cinquante-huit haras de l'empereur, rangés sur une ligne, chacun était de trois cents, tant cavales que poulains, avec un étalon à chaque troupeau. Sur la fin il y avait huit haras de chevaux hongres. Outre cette plaine, le pays voisin, qui est plein de bons pâturages, est destiné à l'entretien de ces haras, et des troupeaux de Sa Majesté ; ce sont des Mongous qui en ont soin, aussi bien que des vaches et des moutons. L'empereur, après avoir vu ses haras, l'un après l'autre, alla jusqu'au camp où étaient campés les Mongous, auxquels on les a confiés. Les femmes étaient rangées sur une grande ligne, ayant chacune un bandege, où il y avait de la crème, du beurre, du fromage, et du lait qu'elles avaient apporté pour offrir à l'empereur. Il mit pied à terre, et s'assit dans la plaine, où il demeura assez longtemps. L'empereur a en tout deux cent trente haras semblables 1, chacun de trois cents, tant cavales que poulains de lait, et trente-deux de chevaux hongres au-dessous de trois ans ; car dès qu'ils ont trois ans, on les fait servir, les meilleurs aux écuries de Sa Majesté, et ce qui reste est donné au Tribunal, qui a soin des soldats et des postes. Il a aussi cent-quatre-