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de cavalerie pour suivre les autres, et surtout le roi d'Eluth ; que l'infanterie chinoise s'était fort distinguée dans la bataille ; qu'elle avait enfoncé les ennemis, et ouvert le chemin au reste de l'armée. Après que l'empereur eut achevé de lire cette lettre, et qu'il eut encore fait quelques questions à celui qui l'avait apportée, tous les Grands qui étaient présents, dirent qu'une victoire si signalée méritait bien qu'on en rendît grâces au Ciel. Sa Majesté ayant répondu que cela était juste, on apporta une table, sur laquelle il y avait une cassolette, où l'on mit des pastilles odoriférantes (c'est la même chose que l'encens en Europe), avec deux chandeliers, et un cierge sur chacun. Cette table fut placée au milieu de l'espace vide qu'on laisse toujours devant les tentes de l'empereur. Sa Majesté se tint seule debout devant la table, le visage tourné au sud, ses six enfants étaient immédiatement derrière elle, puis les régulos, les Mongous, les Kalkas, les Grands de sa suite, et les autres mandarins, tous ensemble s'étant mis à genoux, l'empereur prit trois fois une petite tasse pleine d'eau-de-vie, et après l'avoir élevée vers le ciel avec les deux mains, la versa à terre, et se prosterna autant de fois. Après cette cérémonie, l'empereur rentra dans l'enceinte où étaient ses tentes, et s'étant assis à l'entrée de sa tente, la porte de l'enceinte toute ouverte, tous les princes, les Grands, et les mandarins, chacun dans son rang, saluèrent Sa Majesté en cérémonie, par trois génuflexions et neuf battements de tête, selon la coutume, pour la féliciter de cette grande victoire, qui entraînait la ruine du roi d'Eluth. Cette victoire était d'autant plus heureuse, que l'armée chinoise se trouvait réduite à de grandes extrémités, et était dans une très grande disette de vivres ; mais le butin que les soldats firent de nombreux troupeaux, furent une grande ressource. Ils prirent six mille bœufs, soixante ou soixante-dix mille moutons, cinq mille chameaux, autant de chevaux, et des armes au nombre de cinq mille de toutes les sortes. Le 18 nous vînmes camper à Chan hanor, retournant sur nos pas par le même chemin que nous avions fait en allant. Le temps fut serein tout le jour, et assez tempéré ; il ne fit grand chaud que vers le midi, encore faisait-il un vent de nord-ouest qui rendait cette chaleur supportable. Le 19 nous campâmes à Sibartai. Le matin le temps s'étant couvert, il fit un si grand vent de nord, et si froid, qu'il fallut se vêtir de doubles fourrures. Le vent ayant cessé vers les neuf heures du matin, et les nuages s'étant dissipés, il fit une chaleur étouffante ; vers le midi il s'éleva un grand vent d'ouest, qui ramena des nuages, mais ce vent était si brûlant, qu'il ne diminua pas la chaleur ; vers les trois heures après midi le vent devint violent, et nous