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tempéré tout le jour, avec un petit vent de nord. Ce jour-là l'empereur reçut la nouvelle assurée d'une victoire complète, remportée sur les ennemis par son armée que commandait Fian gou pé. Comme le Caldan fuyait avec empressement devant l'armée de l'empereur, il tomba justement sur celle de Fian gou pé, que Sa Majesté avait envoyé par un chemin qu'on avait cru jusqu'alors impraticable à une armée, parce que c'était dans le plus mauvais pays de tout le désert, où il y a moins d'eau et de fourrage, et où il n'y a pas un habitant. Aussi cette armée avait-elle souffert des fatigues incroyables ; presque toute la cavalerie était démontée, et jusqu'aux premiers officiers, ils étaient réduits à mener leurs chevaux par la bride, pour ne pas se voir réduits à manquer de cheval lorsqu'il faudrait combattre. Ils manquaient outre cela de vivres, parce qu'on ne pouvait pas les faire avancer, quelques précautions qu'on eut prises pour les faire conduire à temps. Le généralissime m'a dit depuis, qu'ils avaient été onze jours, sans autres vivres que quelques méchants morceaux de chair de cheval et de chameau, et qu'il était mort des gens de pure misère dans son armée. Ce fut le Caldan lui-même qui vint chercher et attaquer l'armée de l'empereur, dont le général eut à peine le loisir de se mettre en bataille. Le combat dura longtemps, mais à la fin, et après quelques décharges de l'artillerie et de la mousqueterie, l'infanterie chinoise, couverte de ses boucliers, et avec des armes courtes, perça courageusement jusqu'au centre de l'armée des Eluths, qui avaient mis pied à terre pour mieux combattre. La cavalerie des Mantcheoux avait mis pareillement pied à terre, et suivant l'infanterie chinoise, elle pénétra dans l'armée ennemie, dont on fit un grand carnage. La bataille fut sanglante, parce que ni l'un ni l'autre des deux partis n'avait de retraite. Le Caldan, suivi de quarante ou cinquante hommes, prit la fuite d'un côté, et quelques autres d'un autre. Nos gens s'emparèrent de tout son bagage, de ses femmes, de ses enfants, et des troupeaux, en quoi consiste tout leur bien. Ce fut au détachement de l'armée de l'empereur qui poursuivait l'armée ennemie, et qui n'était qu'à environ deux cents lys du lieu où se donna la bataille, nommé Terelgi, que la nouvelle fut apportée par quelques-uns des principaux ministres et officiers du Caldan, qui s'étaient rendus dans ce camp pour implorer la miséricorde de l'empereur. Ma lao yé, général de ce détachement, dépêcha un courrier en toute diligence à l'empereur, pour lui porter cette grande nouvelle, telle qu'il l'avait apprise de ces gens-là, qui s'étaient trouvés à la bataille. L'empereur comblé de joie, sortit de sa tente, publia lui-même la nouvelle de cette victoire à tous les officiers de sa suite, et fit lire en leur présence la lettre qu'il venait de recevoir de Ma lao yé. Le 16 nous fîmes 40 lys au sud-est, dans un chemin à peu près semblable à celui des jours précédents ; nous campâmes à trente lys de Toirim, au couchant, en un lieu qui s'appelle aussi Toirim, où il y avait une fontaine