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aucune eau depuis le Kerlon jusqu'au lieu où nous campâmes ; encore le peu que nous trouvâmes dans quelques puits qu'on fit proche d'une grande mare desséchée et pleine de nitre, était fort salée. A mi-chemin nous trouvâmes encore une autre mare desséchée, pleine de nitre, et d'une boue, dans laquelle quelques-uns de ceux qui étaient restés derrière, demeurèrent embourbés la nuit, eux et leurs chevaux qu'ils voulurent y abreuver, prenant ce salpêtre pour de l'eau. Le temps fut couvert de nuages toute la nuit, accompagné d'un vent de nord-ouest ; depuis les deux ou trois heures après midi jusqu'au soir il plut en assez grande abondance, ce qui fut heureux pour les bestiaux de l'équipage, parce qu'il n'y avait point d'eau pour les abreuver. En chemin faisant vint un courrier de la part de Fian gou pé, par lequel il mandait à l'empereur qu'il était arrivé le quatre du mois à la rivière de Thoula, qu'il y avait séjourné le cinquième, pour attendre quelques troupes restées derrière, qu'ensuite s'étant trouvé avec quatorze mille cavaliers en assez bon état, vu la fatigue qu'ils avaient souffert, et ayant su par le courrier de Sa Majesté, que le Caldan était sur la rivière de Kerlon, il s'était avancé du côté de cette rivière, en occupant avec son armée tous les passages par où les ennemis se pouvaient retirer du côté de la rivière de Thoula ; cette nouvelle donna beaucoup de joie à l'empereur, qui eut la bonté de nous en faire part lui-même ; nous campâmes en un lieu, nomme Tarhontchaidan. Le 14 nous fîmes 120 lys au sud-est, dans un chemin à peu près semblable à celui du jour précédent, si ce n'est qu'il y avait encore plus de collines, et qu'elles étaient plus hautes. A la moitié du chemin nous trouvâmes que toutes les herbes avaient été brûlées ; les Eluths y avaient mis le feu depuis longtemps, pour empêcher qu'on ne pût venir à eux, et c’est par cette raison, et à cause de la disette d'eau, que l'empereur, avec son armée, ne prit pas ce chemin en allant au Kerlon, quoiqu'il fût plus court que celui qu'il prit en effet. Cependant la nouvelle herbe avait commencé à pousser, et dans le lieu où nous campâmes, nommé Coutoul poulac, il y avait plusieurs fontaines, et du fourrage d'autant meilleur que l'herbe était naissante. Le temps fut couvert tout le jour, et il fit un grand vent d'ouest et de nord-ouest ; il plut aussi depuis midi presque continuellement jusqu'au soir, et en abondance, ce qui fatigua fort l'équipage, dont une grande partie ne put arriver que la nuit, et plusieurs n'arrivèrent pas même. Ce jour-là on eut les premières nouvelles que l'armée de l'empereur, qui venait du côté de l'ouest, commandée par Fian gou pé, qui avait été jointe par l'élite de celle de Sun ssu ké, avait combattu les ennemis ; mais comme cette nouvelle ne fut apportée que par quelques Mongous, et qu'ils ne disaient aucune circonstance de la bataille, ni de la victoire, on n'y ajouta pas beaucoup de foi. Le 15 nous séjournâmes, pour attendre ceux de l'équipage qui n'avaient pu arriver, et leur donner le loisir de se délasser de la fatigue du jour précédent. Le temps fut serein et