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gendarmerie. Le bagage suivait la troisième ligne, et chacune de ces trois lignes occupait près d'une lieue d'étendue, excepté la première, qui était plus serrée. Comme il y avait une grande multitude de valets qui marchaient après chaque escadron, menant les chevaux, et portant les cuirasses de leurs maîtres, outre ceux qui accompagnaient le bagage, tout cela avait l'air d'une armée fort nombreuse, quoiqu'il n'y eut pas vingt mille soldats effectifs. L'empereur marchait à la seconde ligne, accompagné de ses gardes du corps, et des officiers de sa maison ; mais cette disposition n'était que pour la marche ; car en cas d'une bataille rangée, la disposition devait être différente. Au lieu de cuirasses de fer, la plupart en portaient qui étaient faites de soixante ou quatre-vingt doubles de coton de soie, enfermés entre plusieurs doubles de taffetas. Ces cuirasses sont excellentes contre les mousquets, chacun ne laissait pas de porter sa cuirasse de feuilles de fer et son casque sur son cheval, ou le faisait porter sur un cheval de main, mené par un valet. Comme j'ai dépeint ailleurs ces cuirasses, je n'en dis rien ici. Il faut avouer que ce spectacle était magnifique. Tout brillait de soie de différentes couleurs, mêlée avec l'or, de cuirasses et d'étendards, qui étaient en très grand nombre, mais il n'y avait ni trompettes, ni tambours ; les Tartares ne s'en servent point. L'empereur avait envoyé le jour précédent l'officier député vers le roi d'Eluth, et renvoyé par les Eluths de la manière que je l'ai marqué ci-devant, et avec lui un lama, avec ordre de leur dire, que Sa Majesté attendrait un jour sur les bords de la rivière de Kerlon la réponse de leur roi, après quoi elle prendrait ses mesures. Cet envoyé et ce lama trouvèrent un soldat Eluth sur le chemin qui n'avait pu suivre ses gens, ils l'amenèrent à l'empereur, et on sut de lui, que les huit cents hommes qui avaient paru les jours précédents en-deçà du Kerlon, s'étaient retirés vers le gros de l'armée qui n'était pas fort loin. En effet, après qu'on eut posé nos gardes avancées sur des hauteurs, environ à deux lieues au couchant de notre camp, on aperçut sur des montagnes opposées plusieurs petits pelotons des ennemis, qu'on jugea être aussi leurs gardes avancées ; cependant l'empereur renvoya une seconde fois ce député avec le lama, chercher les Eluths, et leur dire, de ne pas se retirer, mais de l'attendre, pour terminer cette guerre de manière ou d'autre. Sa Majesté renvoya même cet Eluth qu'ils avaient pris, après lui avoir donné une veste de brocard. Le temps fut serein tout le jour, à la réserve de quelques petits nuages, et presque sans vent, de sorte qu'il fit fort chaud, particulièrement depuis midi, car le matin il faisait encore froid, et nous étions vêtus de doubles fourrures. Le 8 nous fîmes seulement vingt lys, en remontant la rivière de Kerlon au sud-ouest, l'armée marcha encore en bataille, et nous campâmes sur ses bords, en partageant l'armée en plusieurs camps particuliers, qu'on ne se mit pas en peine de fortifier. Le temps fut serein et