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chevaux qu'ils avaient pris, au nombre de quatre cents ; que cependant ils s'étaient campés de telle sorte, qu'ils investissaient les deux cents soldats de nos gens ; que leurs chefs les avaient fait échapper pendant la nuit, pour venir en toute diligence apporter ces nouvelles à l'empereur ; ils dirent aussi qu'ils avaient su d'un des Eluths resté blessé entre leurs mains, que le roi d'Eluth n'était qu'à trois ou quatre lieues de là, avec le gros de son armée. Le temps fut serein le matin, mais il commença à se couvrir après le soleil levé. Il fit un grand vent de nord et de nord-ouest tout le jour, accompagné de pluie, depuis une ou deux heures après midi jusqu'au soir. Il plut même encore une bonne partie de la nuit, mais le vent diminua sur le soir, il fit toujours fort froid, mais particulièrement le matin. Le même soir, les deux cents hommes de l'avant-garde qui avaient été attaqués et investis par les Eluths, revinrent en notre camp, ils rapportèrent que les Eluths s'étaient retirés vers les dix heures du matin, et qu'ils avaient repassé la rivière de Kerlon. Je parlai à un des deux officiers qui avaient remis les deux envoyés de l'empereur entre les mains des Eluths ; c'était un des deux qu'on avait dépouillés ; il me conta lui-même son aventure. Le 6 nous fîmes environ cent lys, partie au nord, et partie à l'Ouest, de sorte que la route peut avoir valu le nord-ouest ; nous en fîmes la première partie entre des montagnes, et des hauteurs plus élevées et plus fréquentes que les jours précédents, mais toujours sans arbre ni buisson, la plupart couvertes d'assez bons fourrages ; il y avait même des endroits où il n'y avait que de l'herbe nouvelle, la vieille avait été toute brûlée par les Eluths ; et comme nous marchions assez lentement, nous fîmes souvent repaître nos chevaux qui en avaient grand besoin ; nous ne trouvâmes dans tout le chemin qu'une mare, qui avait été pleine d'eau, mais qui était tout à fait desséchée. Nous vînmes camper dans un lieu, nommé Yentou pouritou, où il y avait une fontaine, dont on eut assez de peine à tirer ce qu'il fallait d'eau seulement pour la bouche des hommes. Le temps fut assez serein tout le jour, quoique le soleil fut de temps en temps couvert de petits nuages, mais il fit un grand vent de nord et de nord-ouest, qui nous empêcha d'avoir chaud, quoique nous fussions vêtus de doubles vestes de peaux. Le soir un des députés vers le roi d'Eluth revint trouver l'empereur ; il lui rapporta qu'après avoir été gardés un jour, on les fit parler à un lama ; que ce lama leur dit, qu'ils ne pouvaient pas aller trouver le roi d'Eluth, et qu'ils n'avaient qu'à s'en retourner avec leur lettre et leurs présents ; que pour eux, ils ne pouvaient se persuader que l'empereur fût venu, comme ils le disaient, si près d'eux ; mais que si la chose était vraie, l'un d'eux allât promptement l'avertir de s'arrêter avec son armée en deçà du Kerlon, parce que s'il passait la rivière, il n'aurait plus de chemin pour se retirer ; c'était faire entendre qu'ils en viendraient aux mains ; que si l'empereur s'arrêtait en deçà du Kerlon, ils auraient le loisir de délibérer avec leur roi sur le parti qu'ils avaient à