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jours précédents ; nous ne vîmes que peu d'eau en deux endroits, l'un, à trente ou quarante lys du lieu d'où nous étions partis, et l'autre, à cinquante lys. Un peu avant que d'arriver en notre camp, nous découvrîmes à l'orient une petite chaîne de montagnes médiocres, mais toutes couvertes de pierres et de roches. Nous campâmes en un lieu nommé Touirin, où une fontaine coulait, et remplissait plusieurs fosses et divers puits qu'on avait creusés, mais il n'y avait pas assez d'eau pour une si grande multitude d'animaux, et l'eau n'était pas trop bonne, la terre étant pleine de nitre. Le temps fut couvert de nuages presque toute la matinée, et jusque vers les trois heures après midi, quoique le soleil se montrât de temps en temps ; il tomba même quelques gouttes de pluie, lorsque nous arrivâmes en notre camp ; ensuite l'air fut serein jusqu'au soir, mais tout le jour il fit un fort grand vent de nord et de nord-ouest, de sorte que le matin nous n'avions pas trop chaud, quoique vêtus de doubles peaux. Ce jour-là nous rejoignîmes l'avant-garde, qui était campée en ce lieu depuis plusieurs jours. Le premier jour de juin nous séjournâmes, pour laisser reposer l'équipage, fatigué de la journée précédente. Le temps fut serein tout le jour, presque sans vent, et fort chaud. L'empereur fit régler l'ordre du combat, en cas que l'on trouvât les ennemis, et la manière dont on camperait, et dont on fortifierait le camp ; et afin d'animer les troupes, il donna des habits faits pour lui aux principaux officiers généraux, et leur fit dire, qu'il remettait à tous les mandarins une demie année de leurs gages, qu'il leur avait fait donner par avance avant que de partir, et qu'il ordonnerait qu'on les leur payât de nouveau quand le temps serait échu ; il donna aux soldats pour toujours les chevaux qu'il leur avait fait prêter, savoir un à chaque cavalier, et trois à chaque gendarme, sans quoi ils auraient été obligés de les rendre, ou de les payer après le retour. Enfin il fit dire à toute l'armée, que c'était dans l'occasion présente que chacun pouvait faire voir ce qu'il était, et que comme il serait présent au combat, personne ne devait craindre que son mérite fut sans récompense. Sa Majesté résolut aussi ce jour-là dans son Conseil d'envoyer deux députés au Roi d'Eluth, pour lui faire entendre le sujet de sa venue. Ce qui restait de troupes derrière, arriva et campa près de nous, avec le reste de l'armée, qui se trouva toute rassemblée. Le 2 nous séjournâmes encore, pour donner le loisir aux troupes arrivées le jour précédent de se reposer. Le temps fut serein le matin ; mais sur les huit heures il s'éleva un petit vent de sud qui commença de troubler l'air, ensuite le vent augmenta, et il en vint plusieurs tourbillons qui élevèrent des nuages de poussière. L'air se troubla de plus en plus, et le vent s'étant mis au sud-ouest, il y demeura le reste du jour. Ce jour-là, dès le matin, un taiki kalka vint au camp ; il rapporta qu'étant allé avec une troupe de ses gens jusqu'au-delà du Kerlon, vers le lieu où