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approchées de nous, pour aller aux ennemis, qu'aussitôt que toutes les troupes de l'armée se seraient jointes, on s'avancerait lentement vers le Kerlon, que l'on changerait la route qu'on avait premièrement résolu de prendre, et qu'on irait au nord-est, au lieu d'aller au nord-ouest, pour remonter ensuite le Kerlon. Tout le jour il fit un grand vent de nord et de nord-est ; il se couvrit un peu après midi, et sur le soir il y eut un peu de pluie qui abattit le vent. Le 26 nous séjournâmes encore, pour attendre les vivres, dont quelques-uns commençaient à manquer. Le temps fut serein tout le jour avec un petit vent de nord, qui ne laissa pas de tempérer la chaleur. Ce jour-là un des plus considérables lamas des Tartares soumis à l'empereur, homme habile, et qui est le plus employé par Sa Majesté, pour traiter avec ceux de sa nation, arriva en notre camp ; il venait de l'armée qui était partie de Koukou hotun, et qui avait pris son chemin par le couchant pour aller à Thoula ; il amenait avec lui deux Eluths que ses gens avaient arrêtés en chemin. Ces deux Eluths dirent, qu'ils étaient venus jusque-là en chassant des mules sauvages ; que leurs compagnons, au nombre de huit, étant mieux montés, avaient pris les devants, et étaient retournés vers le gros de l'armée ; que leur roi était campé entre la rivière de Kerlon et celle de Thoula, dans un pays découvert ; qu'il avait plus de dix mille soldats, et qu'en comptant les valets auxquels il avait donné des armes, son armée pouvait être de vingt mille hommes ; que de plus, un prince de sa maison, et son vassal, s'était joint à lui avec environ sept mille, tant soldats que valets armés ; que les vivres, c'est-à-dire, les bestiaux, (car ils ne mangent ni pain ni riz, ) ne leur manquaient pas, non plus que les chevaux et les chameaux, et qu'ils étaient résolus de combattre si on allait à eux. Ces deux hommes étaient à cheval, armés chacun d'un fusil, et vêtus d'habits de peaux de cerfs ; ils répondirent à toutes les questions qu'on leur fit avec beaucoup de netteté et de résolution, sachant bien qu'il serait aisé de s'éclaircir si leur rapport était vrai ou faux, et qu'en cas de fausseté on ne manquerait pas de les faire mourir. Ils n'étaient qu'à deux petites journées du lieu où était le gros de l'armée lorsqu'ils furent pris ; ils ajoutèrent que leur roi ne paraissait rien savoir de certain touchant la marche de nos armées. Pour ce qui est du lama, il rapporta que l'armée de Koukou hotun, commandée par le généralissime nommé Fian gou pé, c'est-à-dire, le comte Fian gou, l'un des premiers grands de l'empire, s'avançait en diligence, et qu'elle arriverait vers le Kerlon le huit de la cinquième lune, qu'elle avait encore des vivres jusque à ce temps-là, mais qu'elle n'était plus que d'environ dix mille soldats, qu'on avait été obligé de laisser le reste derrière, parce que les chevaux et les équipages ayant beaucoup souffert, étaient extrêmement diminués, et ne suffisaient qu'à peine pour ce nombre ; que la troisième armée, commandée par un général chinois, nommé Sun ssu ké, et presque toute composée de Chinois, était