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en cavalerie : car les Tartares ne savent ce que c’est qu'infanterie. Outre ces terres destinées aux troupeaux et aux haras de l'empereur, il y en a une plus grande quantité le long de la grande muraille la plus voisine de Peking, qui appartiennent en propre à sa maison, et qui lui sont échues dans le partage qui fut fait au temps de la conquête de l'empire. Ces terres sont entre les mains des fermiers, dont les uns paient en denrées, et les autres en argent. Cet argent se met dans les coffres du palais : car l'empereur vit de son domaine, et laisse l'argent qui provient des revenus de l'État, dans le trésor public de la cour souveraine des finances, nommée Hou pou : cette cour est chargée de payer les officiers qui le servent sur le pied de leurs mandarinats. Ce grand nombre de troupeaux, de haras, de métairies fait presque plus d'impression sur l'esprit de la nation tartare, que toute la magnificence chinoise de la cour de Peking, et sert beaucoup à attacher à l'empereur tous les princes mongous. Les Kalkas, qui se soumirent, profitèrent de sa libéralité dès la première année de leur soumission, et jouissant sous sa protection d'une profonde paix, ils se sont entièrement rétablis. L'empereur cependant n'a pas cru devoir laisser à ces princes, ni aux autres ses anciens vassaux, le pouvoir de faire mourir leurs sujets, ni même de les dépouiller de leurs biens. Ces deux cas et de mort et de confiscation générale, sont réservés au Tribunal souverain que Sa Majesté a établi à Peking, appelé mongol chourgan, Tribunal des Mongous. Ce Tribunal après avoir examiné l'affaire, suivant les lois et les coutumes reçues parmi eux, en fait son rapport et en dit son sentiment, avec les mêmes formalités qu'observent les six grands tribunaux souverains sur les affaires de la Chine. Les Kalkas ont parmi eux un de ces lamas qu'on appelle Houtouctou, qu'on regarde comme des Fo vivants, suivant l'expression chinoise Ho fo : il est d'ailleurs frère d'un des han dont nous avons parlé. Avant la guerre il avait construit une pagode magnifique, et à grands frais. Car il avait fait venir des ouvriers et des briques vernissées de jaune qu'on ne trouve qu'à Peking. Il fut détruit par le Caldan en l'année 1688. On en voit encore les ruines dans les plaines qui sont au bord de Toula. Ces Tartares sont persuadés, que c'est ce qui a attiré la ruine entière de l'armée, et de la maison de Caldan. Ce prince lama, un des principaux auteurs de la guerre, loge maintenant dans des tentes. Il est dans la plus grande, assis sur une espèce d'autel. Grands et petits lui font les mêmes honneurs qu'ils ont coutume de faire à Fo même : il ne rend le salut à personne, de quelque rang qu'il soit, et quoique sujet aux misères des autres hommes, il ne laisse pas d'écouter sérieusement les flatteries extravagantes, et de recevoir les hommages de tant de gens qui le traitent de divinité. Les Tartares de cet empire, de quelque nation qu'ils soient, en sont infatués jusqu'à la folie. Si on les en croit,