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Ce jour-là, un taiki tartare de Kalka, amena à l'empereur deux Eluths qu'il avait pris le second d'avril, et qu'il n'avait, disait-il, osé amener plus tôt, craignant qu'ils ne se sauvassent en chemin. Comme c'étaient deux pauvres stupides, on ne put pas en tirer grand éclaircissement ; ils dirent seulement que l'armée du roi d'Eluth ne montait pas à dix mille hommes, et qu'il ne croyait pas que les Mantcheoux vinssent le chercher si loin, mais que s'ils y venaient, il était résolu à combattre. Le même jour, un petit officier mongou, mais établi à Peking, qu'on avait envoyé pour prendre langue des ennemis, revint au camp, et rapporta qu'il avait été rencontré un peu au-delà de la rivière de Kerlon par un parti de trente ou quarante soldats Eluths, qui l'avaient vivement poursuivi fort longtemps, et que vraisemblablement il ne leur eut pas échappé, si un grand vent, qui s'éleva pendant qu'il fuyait, n'eut fait perdre l'envie à ceux qui le poursuivaient, de venir plus loin. L'empereur lui donna pour récompense un mandarinat du cinquième ordre, qui doit passer à un de ses enfants. Sur le soir il arriva un autre courrier, qui apporta des nouvelles de la deuxième armée qui marche du côté de l'ouest, et doit aller droit à Thoula, pour couper le chemin de la retraite aux ennemis ; il dit que cette seconde armée ayant beaucoup fatigué, ne pourrait arriver à Thoula que vers le troisième de la cinquième lune ; c'est-à-dire, le second de juin. Le 22 on séjourna encore. Le temps fut couvert le matin avant le jour, et il tomba un peu de pluie, ensuite il s'éclaircit ; mais il fit toujours un grand vent de nord jusque vers les trois heures après midi. Sur le midi il plut encore à diverses reprises, et le soleil fut caché par d'épais nuages tout le jour, jusqu'au soir qu'il s'éclaircit, et que le vent cessa tout à fait. Ce jour-là il se tint un grand Conseil de guerre sur ce qu'il y avait à faire dans les conjonctures présentes ; les avis des Grands de l'empire furent partagés, les uns étaient d'avis d'avancer en toute diligence, et de combattre l'ennemi avant que les vivres manquassent, et sans lui donner le temps de se retirer, ce qu'il ferait vraisemblablement, si l'on attendait la jonction des autres armées. L'avis des autres fut, qu'on marchât à petites journées jusqu'à la rivière de Kerlon, et qu'on se reposât après chaque jour de marche, pour donner le temps aux vivres d'arriver ; que les chevaux et les autres bêtes de charge se remettraient peu à peu, et que cependant les autres armées auraient le loisir de s'avancer, et de nous joindre, si on le jugeait à propos, ou de suivre en queue les ennemis, s'ils s'avançaient pour combattre ; que de cette manière, les soldats se voyant en plus grand nombre, leurs chevaux en état de servir, et ne manquant point de vivres, combattraient avec plus de courage, et qu'on assurerait ainsi la victoire. Les troisièmes, à la tête desquels était un régulo, ou prince du sang, chef du Conseil des princes, proposèrent de s'avancer jusqu'au premier lieu où il y aurait de l'eau et du fourrage suffisamment pour toute l'armée, et de s'y arrêter jusqu'à ce que les autres armées se fussent approchées de