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un peu chaud sur le midi et jusqu'au soir, mais toujours fort serein, avec un fort petit vent de nord. Ce jour-là des envoyés de l'empereur au roi d'Eluth arrivèrent au camp. Sa Majesté les avait dépêchés vers ce prince, pour lui demander, en vertu de quoi il s'était avancé sur les terres des Kalkas, après avoir promis de n'y plus revenir, et quel était son dessein. Ces envoyés avaient été retenus pendant trois mois dans un camp de soldats de ce prince, fort incertains de ce qui leur arriverait. Ils étaient gardés étroitement dans une vallée, sans pouvoir prendre aucune connaissance de l'état des troupes et des affaires, après quoi on les renvoya à pied, et sans les pourvoir de vivres. Le roi d'Eluth leur fit porter une lettre en réponse de celle de l'empereur, et leur fit dire sans les voir, qu'il aurait pu les faire mourir, en représailles de cinq cents de ses gens, qu'un mandarin des troupes de l'empereur avait fait tuer l'année précédente, sans aucune raison, puisqu'ils étaient de la suite d'un de ses envoyés ; mais qu'il usait de clémence, et qu'il leur donnait la vie. On ne voulut point leur rendre les chevaux ni les chameaux qu'ils avaient amenés. Un des envoyés à qui je parlai, et de qui j'ai su ces particularités, me dit de plus, qu'il croyait que les gens du roi d'Eluth avaient grande envie de les tuer, mais que le roi les en avait empêchés. On leur laissa les vivres qu'ils avaient apportés, et qui ne durèrent que deux mois ; n'ayant plus de quoi subsister les derniers jours, on leur fit donner cinq chameaux maigres pour leur nourriture, mais ce ne fut qu'après avoir bien prié qu'on ne les laissât pas périr de faim, et qu'on les fît plutôt mourir ; en les renvoyant on leur donna quelques autres animaux maigres, comme chiens, jeunes chameaux, poulains, etc. qui ne pouvaient être de nul service. Trois cents cavaliers les accompagnèrent depuis Thula, où ils avaient été gardés, jusque bien en deçà du Kerlon, et leur firent faire de grandes journées à pied, sans avoir compassion de plusieurs d'entr'eux, qui étant peu accoutumés à cette fatigue, avaient les pieds extrêmement enflés. La lettre qu'il leur donna pour l'empereur était conçue en des termes modestes, mais il prétendait avoir la raison de son côté, et que c'était injustement que Sa Majesté protégeait un homme qui avait commis des crimes si énormes. Le 8 nous séjournâmes pour donner le temps aux chevaux fatigués de l'équipage de se remettre, ou du moins de se reposer. Le tems fut tout le jour serein et tempéré, avec un vent médiocre de nord-ouest.

Le 9, nous fîmes quarante-deux lys, droit au nord, dans un pays découvert de tous côtés, et dont le terrain était presque partout fort égal, excepté pendant les huit ou dix premiers lys que nous montâmes et descendîmes, mais presque insensiblement. La plupart du terrain était de sable gros et dur, et mêlé d'un peu de terre, sur lequel il ne paraissait que très peu de fourrages. Le temps était plein de vapeurs dans tout l'horizon le matin, et peu après le lever du soleil, il s'éleva un vent de nord-est qui se fortifia, et devint assez