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ce pays-ci le vent de la pluie, et que le temps parut encore chargé, on fit tirer quelques pièces de canon, suivant l'avis qu'avaient donné des lamas, qui prétendent par-là arrêter la pluie. Le temps redevint serein vers le midi, mais comme il était toujours fort chaud pour la saison, et que le vent de sud-est ne changea pas, il se couvrit encore sur le soir. Le 16 on se leva à l'ordinaire, et après avoir chargé le bagage, on partit à la pointe du jour ; nous fîmes 38 lys au nord-ouest et à l'ouest, ayant toujours eu la pluie à dos ; elle commença lorsque nous sortîmes de notre camp, et continua jusqu'à midi, qu'elle se changea en neige, et dura ainsi tout le reste du jour, ce qui incommoda infiniment tout le monde. Nous étions campés dans une campagne où il n'y a pas un seul arbre ; toute la terre était couverte de neige, on ne pouvait trouver de fiente d'animaux pour faire du feu, et le peu qu'on en ramassait était mouillé. L'empereur descendit de cheval, et sans vouloir se mettre à couvert dans une petite tente qu'on lui avait dressée selon la coutume, il se tint toujours, lui et ses enfants, exposés à la pluie, aussi bien que les autres, jusqu'à ce que ses tentes fussent dressées dans le camp marqué ; ensuite il prit tout le soin possible pour la conservation des chevaux ; car s'étant fait informer en quel endroit ils pourraient être à couvert du vent, qui était froid et pénétrant, il ordonna que tous ceux de ses hias qui n'étaient point de garde, allassent eux-mêmes conduire les chevaux de tout l'équipage, dans des vallons qui étaient au nord-ouest de notre camp. Il fit aussi publier qu'on ne dessellât aucun des chevaux jusqu'au lendemain, afin de ne les pas exposer à un vent ou à une pluie froide, sans selle, avant qu'ils fussent refroidis. La neige et le vent durèrent tout le reste du jour ; nous campâmes en un lieu nommé Connor, où il y avait plusieurs mares d'eau ; on y avait fait quarante puits pour avoir de l'eau bonne à boire ; à quatre ou cinq lys au nord on trouva une fontaine de très bonne eau. Le 17 nous séjournâmes, pour donner le loisir à l'équipage de se délasser, et aux charrettes de venir au camp, car elles étaient demeurées derrière. Le temps fut encore couvert le matin, mais sans pluie ; car le vent avait changé, et s'était tourné à l'ouest ; sur le midi les nuages se dissipèrent, le soleil parut, et le temps se remit au beau, ce qui consola l'empereur, qui avait montré un chagrin extrême du mauvais temps qu'il avait fait. Touchetou han, avec son frère le lama Tchepzuin tamba houtoukou vinrent saluer l'empereur, qui les reçut fort bien, et leur fit beaucoup de caresses. Le 18 nous fîmes 80 lys, la plupart droit au nord, mais prenant aussi quelquefois un peu de l'ouest ; le pays était un peu plus inégal que les jours précédents, car il était plein de collines et de hauteurs ; il en fallut monter et descendre quelques-unes ; la neige n'était pas encore fondue sur plusieurs de ces hauteurs, quoiqu'elle le fût entièrement en d'autres. Nous vînmes camper en un lieu nommé Queizou poulac, proche d'un petit ruisseau, qui se va rendre dans une espèce d'étang ou mare d'eau, nommé Pojoctey.