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étant arrivé proche du lieu où l'on devait camper, passa par hasard auprès du puits qu'on avait fait, afin d'en tirer de l'eau pour la bouche ; n'y ayant pas trouvé les deux officiers de sa maison, à qui on en avait confié la garde, il les fit chercher, et après leur avoir demandé, pourquoi ils avaient si peu de soin d'une chose si importante, il les fit châtier, et les envoya à son Conseil pour y être jugés. Ils furent exilés à Oula ; l'empereur ratifia la sentence, et distribua sur-le-champ tous leurs chevaux. Sa Majesté fit aussi une sévère réprimande aux principaux seigneurs de l'empire, sur le peu d'attention qu'ils avaient eu à l'exécution de ses ordres, pour faire partir tout le bagage de bonne heure, et pour ne point permettre qu'on fît de feu le matin avant le départ ; il leur dit publiquement qu'il prétendait que ses ordres fussent observés si exactement, qu'il ne pardonnerait pas même à ses propres enfants, s'ils les violaient, et que puisque lui-même et ses enfants, tout jeunes qu'ils étaient, se contentaient d'un repas par jour, ils pouvaient bien s'en contenter aussi. Après que l'on fut campé, les quatre principaux seigneurs de la cour, qui sont chargés de faire garder l'ordre dans toute la suite de l'empereur, se rendirent à la porte des tentes de Sa Majesté ; ils se prosternèrent à genoux, en posture de coupables, reconnurent leur faute, et demandèrent à l'empereur qu'il les fît punir comme ils le méritaient. L'empereur leur fit dire qu'ils travaillassent à réparer leur faute ; que s'ils le faisaient, il leur pardonnerait ; si non, qu'il leur ferait faire leur procès quand il serait de retour à Peking. Le 14 tout le monde se leva deux heures avant le jour, et chargea le bagage, sans allumer de chandelle, de sorte qu'il ne restait pas une tente sur pied au point du jour que l'empereur partit. Nous fîmes ce jour-là 53 lys, droit au nord, et nous vînmes camper en un lieu, nommé Poro hotun, proche la petite rivière de Chantou. Le chemin que nous fîmes était fort plat et fort découvert de tous côtés, de sorte qu'à peine apercevait-on quelques montagnes fort loin à l'est et à l'ouest, et point du tout au nord. Les pâturages n'étaient pas si abondants que les deux jours précédents ; la terre paraissait presque partout pleine de nitre ; ce pays est encore destiné à l'entretien des troupeaux de l'empereur, et nous ne vîmes sur toute la route que deux misérables tentes de Mongous. Peu de temps avant que d'arriver en notre camp, deux Kalkas furent surpris dérobant des chevaux ; ils furent condamnés à mort ; mais l'empereur changea leur sentence, et ordonna qu'on leur coupât le nez et les oreilles, et qu'on leur cassât les bras et les jambes, afin de servir d'exemple. Le temps fut fort serein jusque vers le midi, et il fut aussi fort chaud ; vers les deux ou trois heures après midi, le temps se couvrit, et il fit tout le reste du jour une grosse pluie, mêlée de grêle, de tonnerre et de vent ; la pluie continua une partie de la nuit. Le 15 nous séjournâmes dans notre camp, pour donner le loisir aux tentes de sécher, et comme le vent venait toujours du sud-est, qui est en