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ou mandarins de sa garde, et d'un petit nombre de troupes de sa maison. Il avait partagé toute l'armée en plusieurs corps, dont une partie devait prendre une autre route, et l'autre partie devait le suivre ; mais l'une et l'autre avaient ordre de marcher en cinq ou six jours différents, afin de camper plus commodément dans les montagnes, jusqu'à ce qu'on fût arrivé dans les plaines de Tartarie, où l'on devait se rejoindre. Il fit un grand vent de nord tout le jour, et il tomba un peu de neige le matin, après quoi le temps fut serein.

Nous ne fîmes ce jour-là que 50 lys, jusqu'à un bourg fermé de murailles, nommé Chaho, au nord duquel nous campâmes. Le 2 nous fîmes 45 lys, jusqu'au pied des montagnes, au-deçà desquelles nous campâmes, proche d'une forteresse qui ferme une petite vallée, par laquelle seule on peut passer les montagnes de ce côté-là. Cette forteresse s'appelle Nan keou ; j'en ai parlé au long dans mon journal du premier voyage de Tartarie, aussi bien que du passage de ces montagnes. Quand nous fûmes arrivés en notre camp, l'empereur nous fit l'honneur de nous envoyer visiter dans nos tentes par un eunuque de la chambre, et nous fit dire qu'il n'était pas nécessaire que nous allassions attendre à la porte de ses tentes, comme font les mandarins de sa suite, mais que nous nous reposassions dans nos tentes, et qu'il nous ferait appeler quand il aurait besoin de nous. Il fit encore un grand vent de nord, et fort froid tout le jour, mais le temps fut serein. Le 3 nous fîmes 60 lys, et nous campâmes proche d'un bourg fermé de murailles, nommé Yulin. Sa Majesté nous envoya encore visiter ce jour-là par un eunuque de la chambre, qui nous apporta de sa part à chacun une orange. C'était un fruit rare, vu le lieu et la saison. Nous passâmes le détroit des montagnes, qui est d'environ trois lieues, beaucoup plus aisément que nous n'avions fait dans le premier voyage de Tartarie ; aussi avait-on réparé les chemins avec beaucoup de soin. Le vent continua comme le jour précédent, et le temps fut aussi serein. Le 4 nous ne fîmes que trente lys, et nous campâmes proche d'une petite ville, nommée Hoaylay, qui est assez bien bâtie et assez peuplée. L'empereur logea dans un temple de lamas qui est hors de la ville ; tout le monde campa aux environs. Le temps fut serein et beau tout le jour, presque sans vent. Le 5 nous fîmes trente-cinq lys, et nous campâmes à cinq lys au-delà d'un bourg, nommé Tou mou, le long d'un ruisseau, en un lieu nommé Chi ho. Le temps fut fort serein et fort beau tout le jour, avec un petit vent de nord et de nord-ouest. Le 6 nous fîmes cinquante-cinq lys, presque toujours au nord. Les quarante premiers dans une vallée assez large, après quoi nous grimpâmes une montagne assez haute, nommée Tcham nganlim. Nous fîmes bien une lieue toujours en montant, mais nous descendîmes beaucoup moins ; car le terrain qui est au-delà de la montagne est insensiblement plus élevé qu'en deçà ; on avait fort bien rétabli le chemin, en sorte que les chameaux et les charrettes