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avoir mangé en pleine campagne à son ordinaire, il fit une enceinte où l'on tua quelques cerfs et quelques chevreuils, mais peu en comparaison des autres jours. Sur le soir, en revenant au camp, arriva le neuvième fils de l'empereur, qui était resté à Peking, incommodé d'une apostume derrière l'oreille. L'empereur l'avait envoyé chercher dès qu'il avait appris sa guérison, pour lui donner le divertissement de la chasse. Les pères Pereira et Lucci étaient à la suite de ce jeune prince, avec un chirurgien nouvellement venu de Macao, qui avait traité et guéri son apostume. Le 8 l'empereur nous fit dire qu'il ne menait avec lui que peu de monde à la chasse de l'appel du cerf, que cependant, tandis que j'avais été seul, il m'avait toujours fait aller à sa suite, mais qu'à présent que nous étions plusieurs, il ne voulait pas nous séparer, et qu'ainsi nous n'avions qu'à accompagner ses enfants, qui mènent ordinairement le gros des chasseurs pour faire les enceintes. Suivant ces ordres, nous laissâmes partir Sa Majesté, et peu de temps après, nous marchâmes sur ses traces avec les sept princes. L'empereur n'ayant trouvé aucun cerf qui répondit à l'appeau, fit faire une enceinte dans un endroit célèbre pour la chasse ; et effectivement il s'y trouva une grande quantité de cerfs ; on en tua d'abord près de trente, mais comme il s'y rencontra six tigres dans un bois fort épais, et d'où il était difficile de les faire sortir, et encore plus de les y chasser, sans exposer les chasseurs à un grand péril, Sa Majesté aima mieux se priver de ce divertissement, que de risquer la vie d'aucun de ses sujets. Ainsi il fit rompre l'enceinte et cesser la chasse. Il prit la route du camp, en marchant doucement le long d'une grande vallée, où il tua deux faisans en volant à coups de flèche. On en prit plusieurs autres à la main et avec l'oiseau, aussi bien que des perdrix et des cailles. Quand on fut arrivé au camp, il s'arrêta tandis qu'on dressait les tentes, et ayant mis pied à terre, il fit planter un but, et tira de l'arc avec les meilleurs tireurs de sa suite. L'empereur et ses enfants firent admirer leur adresse. Quelques princes mongous se distinguèrent pareillement. Quand les tentes furent dressées, l'empereur mangea en son camp, et après avoir expédié quelques affaires, et dépêché ses courriers, il prit encore le divertissement de la lutte avec toute sa cour. Le 9 l'empereur alla à son ordinaire à la chasse de l'appeau du cerf. Il m'ordonna de le suivre, mais il fit demeurer dans le camp les deux autres Pères nouvellement arrivés, afin de s'y reposer. Il ne tua qu'un cerf, parce que la chasse fut interrompue par la découverte d'un tigre, qui se fit chasser fort longtemps ; il allait et venait continuellement dans des montagnes difficiles à grimper et à descendre, ou bien il se cachait dans des forts de broussailles, où il n'était pas aisé de l'apercevoir. Enfin l'empereur envoya un de ses pages, à qui il donna son propre fusil, pour essayer de tirer ce tigre dans son fort, d'où on ne pouvait le faire sortir. Le page exécuta si bien sa commission, qu'après avoir tiré un coup à l'aventure dans le lieu où il jugeait que le tigre était caché, il le força de se