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proche d'un village, nommé Humki ym. L'empereur prit le divertissement de la pêche, jetant lui-même l'épervier avec beaucoup d'adresse. Le 14 nous fîmes 70 lys ; il y eut ce jour-là une enceinte de chasse, où l'on tua sept cerfs, l'un desquels fut d'abord blessé par le cinquième fils de Sa Majesté d'un coup de fusil. L'empereur pêcha encore proche du lieu où nous campâmes ; il fit jeter un grand filet, mais il ne s'y trouva que peu de très petits poissons ; c'était un plaisir de voir les Mantcheoux se jeter dans la rivière, et y marcher sans peine, quoique l'eau fût très froide, pour aider à traîner le filet. Ils ne se ménageaient nullement, nonobstant la rigueur de la saison. Le 15 nous fîmes 70 lys ; à moitié chemin on fit une enceinte, dans laquelle il se trouva grand nombre de cerfs et de chevreuils. Je vis l'empereur tirer et blesser à mort trois grands cerfs et deux lièvres ; il tira l'un avec tant de force, qu'il lui enfonça dans le ventre une flèche, dont le bout n'était que d'os, guère plus pointu que l'extrémité du doigt. Nous campâmes près d'un village, qui est le dernier en allant vers le nord ; car tout le terrain qui est au nord de ce village est laissé en friche, afin que l'on n'en détourne pas le gibier, et il est défendu, sous des peines rigoureuses, d'y semer ou d'y chasser. Depuis ce village-là, en allant au nord, jusqu'au-delà des montagnes, tout ce grand espace de l'orient au couchant est réservé pour les plaisirs de l'empereur, qui vient y chasser tous les ans. Depuis la porte de la grande muraille par où nous sortîmes, quoique le pays soit plein de montagnes et de forêts, il y a néanmoins beaucoup de vallées et de plaines, qui sont maintenant la plupart cultivées, et le terroir en est très fertile ; les grains y étaient très beaux, surtout le millet. L'empereur qui s'intéresse infiniment à la félicité de ses peuples, eut tant de joie de voir l'abondance des grains, qu'il en fit choisir, pour les envoyer par la poste à l'impératrice douairière, et aux reines. Le 16 l'empereur partit avant le jour pour aller à la chasse du cerf ; je l'y suivis de la même manière que l'année précédente. Nous fîmes d'abord plus de vingt lys jusqu'au lieu où Sa Majesté avait fait préparer le dîner, et nous mangeâmes aussitôt que nous fûmes arrivés ; ensuite, après avoir encore marché environ dix lys, on commença à appeler le cerf. L'empereur s'étant un peu avancé dans les montagnes, en tira un qui pesait plus de cinq cents livres ; il ne tomba mort qu'au cinquième coup de fusil. Sa Majesté fit faire une enceinte par ses nouveaux Mantcheoux, auxquels il avait donné une veste courte de satin blanc, pour les distinguer des autres ; il ne s'y trouva que quelques chevreuils et quelques petits cerfs. De là nous entrâmes dans une vallée assez large. L'empereur en fit occuper toute la largeur par les chasseurs et les gens de sa suite, qui se mirent sur une ligne. Il marcha le long de la vallée, jetant l'oiseau après des cailles et des faisans, dont ces plaines sont remplies ; il en prit grand nombre, et tua quelques faisans en volant à coups de flèche. Vers les deux heures, Sa Majesté mit pied à terre sur le bord d'une petite