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nous avions des églises ; il nous raconta de quelle manière il avait autrefois découvert les impostures d’Yang quang sien, comment il avait tout examiné par lui-même, quoiqu’il ne fût âgé que de quinze ans, parce qu’il ne savait à qui s’en fier, et qu’il ne nous connaissait pas encore ; enfin il marqua beaucoup d’impatience d’apprendre le retour du P. Grimaldi.


On reçoit des lettres du P. Grimaldi.

Le sixième de septembre nos Pères qui étaient restés à Peking, ayant reçu une lettre du père Grimaldi, l’apportèrent à l’empereur avec la traduction en langue tartare. Il nous en témoigna une joie extraordinaire, et non content d’avoir lu la traduction, il me fit encore lire l’original qui était en portugais.

Ce Père mandait qu’après avoir essuyé bien des difficultés pour exécuter les ordres de l’empereur, et craignant les lenteurs du voyage par mer, il avait résolu de retourner par terre, et que pour cela il prenait sa route vers Moscou ; que cependant il envoyait par mer le P. Alexandre Ciceri, excellent mathématicien, qui était âgé de cinquante ans, avec deux autres compagnons. L’empereur nous dit aussitôt, qu’il fallait faire venir en diligence le P. Ciceri et ses compagnons ; que le père Suarez reviendrait avec eux, et qu’il ordonnerait au vice-roi de leur fournir tout ce qui serait nécessaire pour le voyage. Il nous recommanda ensuite de leur écrire ses intentions, et de lui apporter le lendemain nos lettres, parce qu’il les enverrait au vice-roi avec les ordres par un courrier extraordinaire ; il nous demanda en même temps si nous avions reçu quelques autres nouvelles d’Europe, si la guerre continuait avec les Turcs, et quel en était le succès. Trois jours auparavant il m’avait fait dire que je me préparasse à aller avec lui en Tartarie, dans le voyage qu’il y voulait faire cet automne, pour y prendre le divertissement de la chasse.

Le 11 l’empereur retourna à Peking.


Bains d'eau chaude.

Le 14 à trois heures du matin l’empereur partit pour aller aux bains d’eau chaude, qui sont à six lieues de Peking, presque droit au nord. L’empereur s’arrêta dans un village à trois lieues de Peking pour y dîner, et il me fit l’honneur de m’envoyer des plats de sa table ; nous arrivâmes aux eaux sur les dix heures du matin. L’empereur logea dans une maison qu’il a fait faire exprès ; cette maison n’a que trois petits pavillons fort simples ; dans chacun de ces pavillons il y a des bains, outre deux grands bassins carrés qui sont dans la cour assez proprement bâtis ; l’eau qui est dans ces bassins, a quatre à cinq pieds de profondeur ; la chaleur en est modérée ; on m’a dit que ces bains étaient fort fréquentés.

Peu de temps après notre arrivée l’empereur mesura géométriquement la largeur de la cour, pour éprouver ses nouveaux instruments. Le soir il me fit revoir plusieurs calculs qu’il avait faits ; toute la suite de Sa Majesté campa au dehors de l’enclos de la maison où logeait l’empereur.

Le temps fut couvert tout le matin, et une partie de l’après-midi sans vent, et assez chaud pour la saison.

Le 15 nous séjournâmes aux bains, Sa Majesté durant le jour fit encore plusieurs mesurages de géométrie pour éprouver les instruments.

Le matin le temps fut couvert, et il plut une bonne partie de l’après-midi.