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Le 23 nous fîmes 80 lys en accompagnant l'empereur le long de la rivière, qui fait de grands détours, car il n'y a que cinquante lys par le droit chemin de Che hia à Mi yun hien, où nous vînmes coucher. Le temps fut tout le jour fort serein, et il fit grand chaud. L'empereur dîna encore ce jour-là en public, sur le bord de la rivière. Le 13 nous fîmes encore 80 lys. L'empereur venant toujours par eau ; les officiers de Tong tcheou lui avaient amené de là des barques plus grandes et plus commodes. Deux de ces barques avaient une petite chambre couverte des deux côtés. Sa Majesté s'étant arrêtée pour dîner sur le bord de la rivière, il me fit venir pour voir pêcher avec des éperviers. Il me fit aussi publiquement plusieurs questions sur les langues d'Europe, et particulièrement sur la langue latine, et ensuite il m'envoya des plats de sa table. Pendant qu'il dînait, il remarqua quelques petits enfants de paysans à demi nus, qui le regardaient de loin ; il les fit approcher, et leur fit donner du pain, des viandes, et de la pâtisserie autant qu'ils en purent emporter. Ces enfants ayant aussitôt couru en leur maison, qui n'était pas éloignée, revinrent peu après avec chacun un panier, l'empereur leur fit encore remplir leurs paniers des viandes qu'on desservit de sa table. Nous vînmes coucher à un bourg qui n’est qu'à six lieues de Peking. Il fit fort chaud tout le jour. La plupart des officiers de la maison de l'empereur qui ne l'avaient pas suivi dans le voyage, vinrent là le saluer. Le 14 à une heure après minuit nous montâmes à cheval pour venir à Peking, et y arriver avant que la chaleur se fît sentir. Nous y arrivâmes en effet à cinq heures et demie, quoique nous nous fussions arrêtés près d'une heure dans un village à deux lieues de la ville, où l'empereur dîna, il me fit encore l'honneur de m'envoyer des plats de sa table. Le Hoang tai tseë ou le prince héritier, vint au-devant de Sa Majesté à une lieue hors de la ville ; il était vêtu de son habit de cérémonie, qui est semblable à celui de l'empereur ; mais il avait peu de suite. Sa Majesté en entrant au palais, alla droit à l'appartement de l'impératrice douairière pour la saluer. Le 17 l'empereur ayant vu le père Antoine Thomas, qui avait été dangereusement malade un peu avant son départ, et le trouvant encore faible, il lui donna une livre de gin seng, qui lui avait fait du bien pendant sa maladie. Le 19 l'empereur me fit dire qu'il désirait que je m'appliquasse à m'exercer dans les calculs de géométrie, afin qu'il pût ensuite s'y exercer avec moi. Le soir s'étant rendu dans l'appartement ou j'étais, il me parla d'une manière fort obligeante, en me demandant l'explication des usages d'un thermomètre et d'un baromètre qui étaient là, et que le P. de Fontaney lui avait donné à Nan king. Le 20 il donna encore au père Thomas de la confection de gin seng, qui est un remède excellent pour fortifier les personnes qui sont faibles. Le 21 il me fit dire que je me préparasse à aller demeurer en sa maison de plaisance de Tchang tchun yuen avec lui, parce qu'il voulait s'y exercer dans les calculs de géométrie. Le 23 il partit pour aller passer le reste de l'été en sa maison de plaisance.