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de chèvres, et se terminait à une grande plaine où l'on devait conduire les troupeaux de chèvres qui y étaient enfermées ; il y avait des troupeaux de quatre ou cinq cents chèvres. Dès que l'empereur fut arrivé proche de l'enceinte, qui était achevée il y avait déjà du temps, on commença à marcher fort doucement ; l'empereur envoya ses deux fils sur les ailes, et marcha au milieu au dedans de l'enceinte ; quand nous eûmes passé quelques-unes des hauteurs qui étaient dans l'enceinte, on commença à découvrir quelques bandes de ces chèvres ; comme le fils aîné de l'empereur courait à toute bride pour en tirer quelques-unes qui s'avançaient de son côté, son cheval mit le pied dans un trou et creva en tombant ; le prince ne fut point blessé, et n'eut que la main égratignée. Pendant que l'enceinte se serrait, le ciel se couvrit, et il s'éleva un grand orage avec de la grêle, du tonnerre, et de la pluie, ce qui obligea les chasseurs de s'arrêter ; cependant ces pauvres chèvres allaient çà et là par bandes, courant de toutes leurs forces, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, cherchant par où s'échapper. Elles couraient toujours du côté où elles ne voyaient personne ; mais à peine étaient-elles arrivées au bout de l'enceinte, que voyant les issues fermées, elles retournaient sur leurs pas et allaient vers l'autre bout, d'où elles revenaient ensuite, et se lassaient en vain à courir. Après que la pluie fut cessée, on continua la marche jusque dans la plaine où on devait la finir. L'empereur et ses deux fils qui étaient dans l'enceinte avec quelques-uns de leurs gens, qui détournaient les chèvres de leur côté, en tuaient toujours quelques-unes en chemin faisant ; il s'en sauva plusieurs ; car elles ont cela de particulier, que lorsqu'elles sont effarées, elles passent à travers les jambes des chevaux, et quand elles sont en bande, si une est une fois sortie, toutes les autres de la même bande la suivent par le même endroit ; alors les gens qui ne fermaient pas l'enceinte couraient après celles qui en étaient sorties, et les tiraient à coups de flèches ; on lâcha aussi les lévriers de l'empereur, et il y en eut un grand nombre de tuées de cette sorte. Cependant comme l'empereur en vit échapper quelques bandes par la négligence de quelques-uns de ses hias qui devaient leur fermer le passage, il se mit en colère, et ordonna qu'on en saisît trois des plus coupables. Quand on fut arrivé dans la plaine où l'enceinte finissait, on s'approcha insensiblement de telle sorte, que les chasseurs se touchaient l'un l'autre ; alors Sa Majesté fit mettre pied à terre à tout le monde, et lui demeurant avec ses enfants au milieu de l'enceinte, qui n'avait plus que trois ou quatre cents pas de diamètre, ils achevèrent de tirer tout ce qui restait de ces chèvres, elles étaient encore au nombre de cinquante ou soixante ; c'était une chose surprenante de voir la vitesse avec laquelle ces pauvres bêtes couraient toutes blessées qu'elles étaient, les unes ayant une jambe cassée, qu'elles portaient pendante, les autres dont les entrailles traînaient à terre, quelques autres qui portaient deux ou trois flèches dont elles avaient été frappées, jusqu'à ce que les forces leur manquant, elles tombaient mortes à terre.