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qu'on les chargeât lui et ses gens, si on jugeait le pouvoir faire avec avantage. De plus, on envoya ordre à l'armée qui était partie de Peking dès le commencement du printemps, d'observer les mouvements du roi d'Eluth, et de demeurer campée sur les frontières du côté de Koukou hotun, jusqu'à ce que ce petit corps d'armée qu'on envoyât fût de retour, et qu'on sût au vrai le parti que le roi d'Eluth avait pris. L'empereur fit aussi donner des terres aux environs de Koukou hotun au petit empereur Chasactou han ; c'est un enfant d'environ dix à onze ans, qui a fort bien fait son personnage dans l'assemblée, et qui n'a fait paraître aucun trait d'enfance, quoiqu'il se soit trouvé à toutes les cérémonies ; comme il n'avait pas encore été reconnu pour han, l'empereur le créa régulo du premier ordre ; ainsi il ne porte pas le nom de han, comme faisait son père. Après que les princes kalkas eurent pris congé de l'empereur, nous marchâmes quinze ou vingt lys au sud-ouest, vers de petites hauteurs de sables mouvants pleines de broussailles, où il y avait une infinité de lièvres ; les troupes de la suite de l'empereur s'y étaient rendues dès le matin, et s'étaient rangées sur une grande ligne, pour battre toute la campagne, et faire sortir les lièvres. L'empereur en fit marcher une partie en croissant, et envoya ses deux fils sur les ailes ; il se tint au milieu, et fit le reste de la marche toujours en chassant le lièvre ; il en tua une très grande quantité aussi bien que ses enfants. Sur le soir il me fit demander si je l'avais vu chasser ; je lui fis faire mon compliment sur le grand nombre de lièvres que je lui avais vu tuer de sa propre main ; il est vrai que je ne l'avais jamais vu tirer avec plus de succès. Nous campâmes sur le bord d'une petite rivière nommée Erton, dans une grande plaine qui est coupée par cette rivière. Le 4 l'empereur ayant envoyé dès la pointe du jour toutes les troupes de sa suite, pour faire une enceinte dans des collines, où il y avait quantité de chèvres jaunes, partit vers les sept heures du matin, pour aller à cette chasse. Nous fîmes un grand tour, tandis que les bagages marchèrent par le droit chemin, qui était plus court de vingt ou trente lys. J'ai déjà remarqué ailleurs comment se fait cette sorte de chasse ; j'y ajouterai seulement que comme les chèvres jaunes sont fort sauvages, il les faut environner de loin, car pour peu qu'elles aperçoivent quelqu'un, elles fuient à toutes jambes. C’est pour cela qu'il est très difficile de les environner dans une plaine ; d'ailleurs comme elles se retirent d'ordinaire par bandes entre des collines, c'est là qu'on va les chercher, et dès qu'on a reconnu le lieu où elles sont, on se retire promptement, et on va faire l'enceinte de fort loin. Au commencement de l'enceinte les chasseurs s'éloignent de vingt ou trente pas les uns des autres, puis ils avancent lentement, et insensiblement ils s'approchent chassant les chèvres à grands cris du côté où l'on doit aller. L'enceinte que l'on avait faite ce jour-là, avait cinq ou six lieues de tour pour le moins, et embrassait quantité de collines toutes remplies