Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

combat ; quoique le bruit en soit sourd et désagréable, il se fait entendre de loin, mais un homme seul ne peut manier commodément ces trompettes, il faut qu'un autre les tienne élevées en l'air sur une espèce de fourche, tandis qu'on en sonne. Dès que ces trompettes commencèrent à sonner, les troupes s'avancèrent, d'abord assez lentement et en bon ordre. L'infanterie marchait à pied, et les canonniers traînaient le canon avec leurs affûts. Quand les trompettes cessaient de sonner, les troupes faisaient halte, et elles ne se remettaient en marche que lorsqu'on recommençait à sonner, ce qui se fit par trois fois ; mais à la troisième fois qu'on sonna d'un ton plus fort, toutes les troupes commencèrent à courir droit à l'éminence où était l'empereur ; la cavalerie qui était aux deux ailes, s'étendit en croissant, comme pour envelopper l'armée ennemie, qu'on supposait être au lieu où nous nous trouvions ; l'infanterie courut à pied, droit à cette éminence, les premiers le sabre à la main couverts de leurs boucliers, et ceux qui suivaient avec d'autres armes ; au milieu du bataillon d'infanterie on traînait l'artillerie, et sur les deux ailes de ce bataillon venaient les mousquetaires qui avaient mis pied à terre ; car quoiqu'ils marchent à cheval, ils combattent à pied ; ils s'avancèrent ainsi en bon ordre jusques auprès de l'empereur, où on leur fit faire halte. Quand ils eurent fait trois ou quatre décharges de mousqueterie et de canon, la cavalerie s'arrêta, et lorsque chacun d'eux eut repris son rang qui avait été un peu troublé dans une marche si précipitée, ils demeurèrent quelque temps en présence ; cependant l'empereur qui avait mis pied à terre, montra familièrement sa cuirasse et ses autres armes aux princes kalkas, que cet attirail surprit extrêmement ; car ils n'avaient jamais rien vu de semblable ; ensuite il se disposa à tirer de l'arc en leur présence, et il fit venir ceux de ses officiers, qui étaient les plus habiles dans cette sorte d'exercice. Il prit d'abord un arc extrêmement fort qu'il donna à manier aux principaux princes kalkas et qu'aucun d'eux ne put bander entièrement. Ensuite il fit planter un but, et tout armé qu'il était, le casque en tête, et la cuirasse sur le dos, il tira dix ou douze flèches avec son fils aîné, et cinq ou six des meilleurs tireurs d'arc, il atteignit trois ou quatre fois au but qui était à la portée des arcs les plus forts. Sa Majesté tirait une flèche le premier, puis son fils aîné une autre, et chacun après tirait la sienne, après quoi l'empereur recommençait. Ayant fait admirer son adresse et sa bonne grâce dans cet exercice, il quitta ses armes, et changea d'habit dans une tente préparée exprès. Son fils et tous les officiers de sa maison firent de même ; cependant les régulos s'en retournèrent au camp à la tête de leurs escadrons, et toutes les troupes se retirèrent en bon ordre. Il n'y eut que quelques canonniers et quelques officiers de l'artillerie qui restèrent avec une partie du canon, qu'ils firent avancer proche d'une butte qu'on avait dressée, afin d'y tirer au blanc. L'empereur vint s'asseoir sur l'estrade préparée sous son pavillon ; le Grand lama, et les trois empereurs kalkas, et les autres taikis s'assirent proche de Sa Majesté chacun selon son rang. Ceux auxquels l'empereur avait donné des habits à la mantcheou en étaient revêtus. On servit aussitôt du thé,