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n’y en a aucune qui soit remarquable, ou par la longueur de son cours, ou par l’abondance de ses eaux.

Le Kalka pira entre dans un assez grand étang nommé Pouir, qu’il traverse, et court en sortant directement vers le nord, jusqu’à un lac encore plus grand appelé Coulon nor, dont nous allons parler. Ce qui mérite ici d’être observé, c’est qu’après la sortie de Pouir il change de nom et s’appelle Ourson, afin qu’on ne mette pas deux rivières où l’on n’en trouve qu’une : erreur fort commune même à Peking, où les Tartares, qui n’ont pas été sur les lieux, parlent peu exactement de ce quartier, apparemment à cause de ces changements de nom.

Les rivières de Kerlon, de Toula, de Touy, de Selingué, qui n’ont pas une origine si célèbre parmi la nation, sont cependant bien plus habitées le long des bords : elles arrosent des campagnes plus vastes et plus fertiles en fourrages. Leurs eaux d’ailleurs plus nettes et plus saines, abondent encore en bons poissons, surtout en truites.

Le Kerlon vient de l’ouest à l’est, se jeter dans le grand lac de Coulon nor, dont les eaux se déchargent dans le grand fleuve Saghalien ou la, par un canal d’une nouvelle rivière, qui quittant le nom de Kerlon sans reprendre celui de Kalka, ou d’Ourson, quoiqu’elle soit composée des eaux de ces deux rivières, est nommée Ergoné qui, comme nous l’avons dit, sert de ce côté là de limites à l’empire mantcheou.

Comme on a marqué sur la carte la position et l’étendue du lac Coulon nor, sans avoir égard aux géographies chinoises, aussi bien que le cours de ces rivières, avec la différence des noms par rapport au pays, nous n’en dirons rien davantage : une plus longue description ne ferait peut-être qu’embarrasser une chose très claire dans la carte.

Le Kerlon n’est pas profond, il est guéable presque partout, d’un fond de sable, d’une bonne eau, de la largeur de 60 pieds ordinaires ; ayant le long de ses bords les meilleurs pâturages de la Tartarie. On voit encore sur son bord septentrional les restes d’une grande ville, que nous n’avons pas oubliée dans la carte de l’empereur, où nous avons marqué ces sortes de villes, par des petits carrés sans couleur. Ces villes ne sont point fort anciennes : car il paraît comme certain qu’elles ont été toutes bâties dans les terres des Mongols par les successeurs mongous, du fameux Coblai han ou Cobeli, comme prononcent les Tartares orientaux, ou Co pi li, suivant le nom donné à ce prince par les Chinois, qui se servent du P pour le B qu’ils n’ont pas.

Celui qui l’avait précédé nommé Mango han, ou Mangeou, dont il est fait mention dans la relation du cordelier Rubrequis à S. Louis en l’année 1253, n’était maître que du nord de la Chine, et demeurait presque toujours hors de la grande muraille, dans un lieu de Tartarie nommé Kara coran, ainsi que le rapporte ce religieux. Mais Coblai poussa ses conquêtes au sud l’an 1260, et après des guerres tantôt continuées, tantôt suspendues durant l’espace de 19 ans, il demeura maître paisible de toute la Chine. Aussi dans les annales chinoises est-il censé le premier empereur de la