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à huit cents fantassins, et de quatre ou cinq cents canonniers, sans y comprendre les officiers, et les domestiques de la suite de l'empereur, qui formaient un corps de sept ou huit cents chevaux, et la troupe des régulos de Peking, dont chacun menait un gros escadron de gens armés de pied en cap, ce qui faisait environ neuf à dix mille chevaux, et douze cents hommes d'infanterie. Les fantassins étaient tous vêtus de la même sorte, les uns armés de mousquets, les autres d'une espèce de pertuisane, les autres de longs sabres avec des boucliers ; c'était la même infanterie que nous avions vue en bataille à l'entrée de Kou pe keou. Comme d'ailleurs tous les cavaliers étaient armés de casques et de cuirasses brillantes d'or et de soie, qu'ils étaient montés sur des chevaux, la plupart très bien enharnachés, les selles et les brides étant toutes neuves, et les chevaux ayant tous au cou et au poitrail une grosse houppe de ce poil de vache dont j'ai parlé, ce spectacle avait quelque chose de magnifique. Toutes les troupes étaient rangées sur deux lignes, qui n'étaient qu'à vingt pas de distance l'une de l'autre, selon leur rang d'ancienneté ; les étendards déployés, grands et petits, tous éclatants d'or et de dragons d'argent, et à fond de satin de diverses couleurs. Chacune de ces lignes, qui n'était que d'une file fort serrée, occupait plus d'une lieue d'étendue ; le bataillon d'infanterie et l'artillerie était au milieu, et la cavalerie sur les ailes. L'artillerie consistait en soixante-dix pièces de campagne de bronze, dont il y en avait huit plus grosses que les autres toutes dorées, avec des ouvrages relevés en bosse, et traînées sur des chariots peints en couleur rouge ; les autres plus petites étaient sur des affûts en forme de traîneaux avec des roulettes ; l'infanterie avait cinq ou six mortiers, quelques espèces de fauconneaux et d'arquebuses de fer. L'empereur fit la revue de ces troupes en parcourant les files d'un bout à l'autre. Tous les officiers grands et petits étaient à la tête des files, vis-à-vis de leurs étendards ; ils ne firent aucun salut quand l'empereur passa proche d'eux ; on n'entendit aussi ni trompettes, ni timbales. Lorsque l'empereur eut fait la revue de ses troupes, il alla se placer sur une petite éminence éloignée d'un quart de lieue, où l'on avait dressé de grands pavillons et quelques tentes. Les Kalkas s'étaient déjà rendus aux environs ; l'empereur les fit approcher aussitôt après son arrivée ; les hias se rangèrent sur les deux ailes du pavillon. Cependant tous les régulos de Peking vinrent du camp en bon ordre, chacun à la tête de leurs gardes et des officiers de leurs maisons, tous magnifiquement armés et bien montés, avec grand nombre d'étendards, de banderoles, et de lances, qui sont les marques de leurs dignités ; ils défilèrent l'un après l'autre devant l'empereur, et se rangèrent par escadrons à la droite de Sa Majesté ; ensuite tonnèrent quatre trompettes fort sourdes, que les Tartares appellent lapa ; ce sont de grands tubes ronds de cuivre, longs de huit ou neuf pieds, qui se terminent tant soit peu en cône, comme nos trompettes. Les Tartares se servent de cet instrument pour donner le signal du