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On demeura ensuite assez de temps au lieu du banquet ; l'empereur ayant fait desservir les tables, et voyant qu'on ne mangeait plus, se leva et retourna dans sa tente ; tout le monde se leva en même temps que lui, et l'assemblée se dissipa ; les Kalkas furent reconduits en leur camp, par les officiers du Tribunal des Mongous. Le 30 le Grand lama, les trois empereurs de Kalka, suivis des principaux taikis, furent appelés pour recevoir les récompenses que l'empereur leur voulait donner. On donna mille taëls en argent au Grand lama, et à chacun des trois empereurs quinze pièces de satin, de grands vases d'argent pour mettre le thé, plusieurs paires d'habits complets à la mantcheou, et surtout des habits de cérémonie, tels que les portent les régulos et les princes du sang impérial. Il leur donna de plus de la toile pour leurs domestiques, du thé en très grande quantité, et des selles en broderie pour les chevaux. Sa Majesté créa aussi régulo du second ordre cinq des princes kalkas, les plus proches parents des trois empereurs, quelques-uns furent faits régulos du troisième ordre, quelques autres reçurent la dignité de cong qui revient à celle de nos ducs et pairs ; il y en eut en tout environ une trentaine qui furent constitués en dignité, et qui reçurent des gratifications de l'empereur, chacun selon son degré. Tous eurent aussi des habits de cérémonie faits à la mode des Mantcheoux ; ils les vêtirent sur-le-champ, et depuis ce moment ils ne parurent plus devant l'empereur que revêtus de ces habits-là. Le Grand lama même avec toute sa fierté ne retint de son ancien habit que cette manière d'écharpe rouge, qu'il porte toujours, et ses bottes ; il parut vêtu d'une veste magnifique à fond de satin jaune, toute en broderie plate, sur laquelle éclataient partout les dragons d'or ; il se couvrit la tête d'un chapeau fait d'une très fine natte de bambou, qui avait été travaillée exprès pour lui ; car les lamas qui portent en hiver de bons bonnets fourrés de zibeline, portent en été des chapeaux, ou de paille, ou de ces fines nattes, pour se défendre de l'ardeur du soleil, en quoi ils sont plus raisonnables que les autres Tartares Mongous, qui portent leurs bonnets fourrés hiver et été. Quand ils eurent remercié l'empereur des faveurs qu'il venait de leur accorder, par les neuf battements de tête, et les trois génuflexions accoutumées, on les fit entrer revêtus de leurs nouveaux habits, dans l'enclos intérieur des tentes de l'empereur, qui les y reçut sous le grand et magnifique pavillon, qui était immédiatement devant sa tente ; ils furent rangés de côté et d'autre. L'empereur qui était assis sur une estrade semblable à celle du jour précédent, leur fit dire de s'asseoir ; ils le firent après l'avoir remercié de cette nouvelle faveur, par un battement de tête ; ils se mirent donc les uns sur leurs coussins, et les autres sur la natte qui couvrait la terre. Aussitôt on servit une collation magnifique à la manière chinoise, dans des porcelaines très fines, durant laquelle il y eut des concerts de voix et d'instruments ; car l'empereur avait mené sa musique, qui est toute composée d'eunuques ; on fit encore venir les danseurs de corde, qui firent de