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Kalkas, placés en quinze ou vingt rangs, et assis à terre ; les comtes et les Grands de l'empire étaient pareillement assis selon leur rang. Quand l'empereur arriva, ils se tinrent debout, et y demeurèrent jusqu'à ce que tous les princes kalkas eussent rendu leurs hommages à l'empereur, ce qui se fit en cette manière. Aussitôt que l'empereur fut placé sur son siège, les officiers du Tribunal des Mongous allèrent prendre les taikis ou princes kalkas à la tête desquels était le fils de Chataktou han, et le Tche tchin han ; ils les conduisirent environ à trente pas de l'estrade de l'empereur. On ne les fit pas avancer vis-à-vis de Sa Majesté, mais ils demeurèrent un peu sur la droite ; lorsqu'ils furent tous rangés en ordre, un officier du Tribunal des cérémonies leur cria à haute voix en tartare : — Mettez-vous à genoux, ce qu'ils firent à l'instant, ensuite il cria : — Battez de la tête contre terre, (c’est la plus grande marque de vénération parmi les Chinois et les Tartares :) ils touchèrent aussitôt la terre du front, ce qu'ils firent trois fois de suite, l'officier de la cour criant à chaque fois la même chose ; après cette cérémonie, il leur cria : — Levez-vous, et un moment après : — Mettez-vous à genoux ; ils fléchirent encore les genoux, et battirent trois fois de la tête contre terre. Le salut qu'on rend a l'empereur consiste en trois génuflexions, et neuf prosternations, ce qui ne se fait à personne qu'à lui. Tous les lamas furent dispensés de cette cérémonie, parce qu'ils n'ont pas coutume de l'observer à l'égard d'aucun séculier ; et l'empereur ayant vu quelques-uns d'eux parmi les taikis, qui rendaient leurs hommages comme les autres, parce qu'ils sont du sang des princes de Kalka, ordonna qu'on les fît sortir de là, et qu'on les plaçât à la tête de cinq ou six cents lamas de leur nation. Le Grand lama, et Touchetouhan, qui furent aussi dispensés de rendre cet hommage, demeurèrent debout tout le temps de la cérémonie, aussi bien que les princes et les Grands de l'empire. C’est l'usage que quand quelqu'un rend cet hommage à l'empereur, tous ceux qui se trouvent présents, se tiennent debout et en silence tout le temps que dure la cérémonie, et si quelqu'un oubliait de se lever, on a soin de l'en avertir. Quand ces princes kalkas eurent achevé de rendre leur hommage à l'empereur, ils furent conduits par les mêmes officiers du Tribunal des Mongous dans les places qui leur avaient été préparées, et où il y avait des tables couvertes de viandes. Il y en avait de même pour les régulos, pour les princes du sang impérial, pour les Grands et les titulaires de l'empire, qui avaient rang dans cette cérémonie ; cependant ils n'avaient pas chacun leur table ; il n'y avait que les deux fils de l'empereur, les régulos du premier ordre, le Grand lama, et les trois han kalkas, qui en eussent chacun une particulière ; tous les autres en avaient une à deux, à trois, ou à quatre ; mais il n'y avait guère moins de deux cents tables, toutes servies en vaisselle d'argent, qu'on avait apportée exprès de Peking. Ces tables étaient chargées en pile ; on y voyait trois ou quatre étages l'un sur