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que je l'ai observé dans mon journal de ce voyage-là. Ces trois princes s'étaient faits vassaux de l'empereur de la Chine, afin d'en être protégés contre le roi d'Eluth qui voulait les détruire pour venger la mort d'un de ses frères que le lama Tamba houtouktou avait cruellement fait mourir. L'empereur de la Chine a envoyé diverses fois au roi d'Eluth, des personnes propres à lui persuader de faire la paix avec ces princes de Kalka, mais il n'y a jamais voulu consentir, quoiqu'il ait souvent donné de bonnes paroles. Ce fut pour se saisir de ces princes kalkas qu'il vint l'année passée à la tête d'une armée, jusque bien avant sur les terres que l'empereur de la Chine a en Tartarie, ce qui a donné occasion à la guerre qui se fit l'année dernière ; c'est aussi au sujet de la succession de ces princes kalkas que l'empereur vient tenir les États de la Tartarie, afin d'établir des lois, et de fixer le séjour de chacun de ces princes. So san laoyé étant arrivé chez eux, leur intima les ordres de l'empereur, mais d'une manière douce et obligeante, selon les instructions que Sa Majesté lui avait données. Il leur dit entr'autres choses que comme ils n'étaient plus tous qu'une même maison, Sa Majesté avait désiré de se voir avec eux, et que n'ayant pas voulu leur donner la peine de venir à Peking, il était venu lui-même les trouver, nonobstant les incommodités du voyage dans cette saison de l'été. On dit qu'ils se mirent à genoux, et qu'ils écoutèrent dans cette posture les ordre de Sa Majesté, avec de grandes démonstrations de respect. Ensuite So san laoyé s'assit, et s'entretint quelque temps avec eux. Le 27 nous fîmes environ cinquante lys au nord-ouest, marchant presque toujours dans un pays fort inégal et tout de sable ; ce n'était que petites hauteurs couvertes de broussailles, où il se trouvait quantité de lièvres. L'empereur fit ranger sa suite sur une grande ligne, qui occupait environ deux ou trois lys d'étendue ; on marcha en cet ordre pour battre les broussailles, et en faire sortir les lièvres qu'il tirait lui et ses deux enfants ; je lui en vis tuer plusieurs à coups de flèches en courant. Après avoir passé ces collines et les hauteurs de sables, nous entrâmes dans une grande plaine nommée Tolo Nor, c'est-à-dire, les sept réservoirs d'eau, au milieu de laquelle nous campâmes. L'empereur vint lui-même choisir le lieu du campement, et il m'ordonna de marquer exactement les huit points cardinaux, savoir : le sud, le nord, l'est, l'ouest, le sud-est, le sud-ouest, le nord-est, et le nord-ouest ; je les fis tracer, après les avoir pris avec le demi cercle de monseigneur le duc du Maine, et ensuite le camp fut disposé de cette sorte. Les tentes de l'empereur étaient placées au centre de tout le camp, son quartier était composé de quatre parcs ou enceintes ; la première qui était extrêmement grande, était de tentes des soldats des gardes de l'empereur, jointes l'une à l'autre de telle sorte, qu'il n'y avait aucun vide, et qu'elles paraissaient comme une galerie de tentes. La seconde était semblable à la première, mais beaucoup moindre. La troisième était