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à-dire, plaine qui a les montagnes derrière soi. Après avoir fait environ quinze lys, nous montâmes et descendîmes une haute montagne toute couverte de sapins ; ensuite nous entrâmes dans un pays plus découvert, où les Mongous des lieux circonvoisins avaient préparé une enceinte, dans laquelle on avait enfermé une très grande quantité de cerfs et de chevreuils. L'empereur et ses deux fils en tuèrent plusieurs, et surtout l'empereur, qui était infatigable à courir après le gibier, et à tirer de l'arc ; il lassait chaque jour huit ou dix chevaux de main ; quinze le suivaient partout, afin qu'il en pût changer lorsqu'il le voudrait. Le 26 nous fîmes seulement 20 lys presque droit au nord, nous vînmes encore toujours en chassant ; mais comme le pays était beaucoup plus découvert, et qu'il n'y avait que des petites collines couvertes de broussailles, il y avait aussi moins de bêtes fauves. On ne laissa pas de tuer encore une assez grande quantité de chevreuils et de lièvres, mais je ne vis point de cerfs. Nous campâmes sur le bord d'une rivière un peu plus considérable que les autres, qui s'appelle Konnor. Cette plaine est remplie de sables au nord-est, et à l'est de la rivière ; à l'ouest, la plaine est une prairie, et a des collines qui l'environnent. Il fit tout le jour si froid, que tous ceux qui avaient des fourrures les vêtirent. Ce froid était causé par un vent de nord fort violent ; après midi il tomba de la grêle et ensuite de la pluie, mais en assez petite quantité. Les jours précédents nous avions bien senti du froid dans les montagnes, mais ce froid ne durait ordinairement que le matin, et cessait lorsque le soleil était un peu haut. Hier depuis que nous eûmes monté cette haute montagne, et aujourd'hui tout le jour, le froid a été bien plus considérable. Après que nous fûmes arrivés au camp, l'empereur dépêcha So san laoyé vers les princes kalkas, pour les avertir de son arrivée au lieu de l'assemblée. Ce sont ces princes qui ayant été chassés de leurs États par le roi d'Eluth, et ne pouvant se réfugier que sur les terres de l'empereur, ont été obligés de se faire ses vassaux. Entre ces princes il y en a trois qui portent le nom de han qui signifie en Tartare empereur. Le plus puissant de ces trois princes se nomme Touchetouhan ; il tenait sa cour à Kalka han, à trois cents lieues au nord-ouest de Peking ; son frère cadet est un lama, qui a occasionné la ruine de sa maison par son orgueil, car il voulait aller de pair avec le Grand lama de Thibet, et se faire reconnaître pour le grand patriarche des Tartares orientaux ; il s'appelle Tchempzun tamba houtouktou. Il demeurait à Thoula ; c'est le nom d'une rivière, sur le bord de laquelle il avait fait bâtir une fort belle pagode ; et là il se faisait adorer comme une divinité par tous les Tartares des environs, ainsi que je l'ai remarqué dans le journal de mon premier voyage en Tartarie. Le second de ces princes qui porte le titre d'empereur, qui est pourtant le plus ancien, c'est-à-dire, celui qui a porté le premier des trois le nom de han, s'appelle Chasactou han ; il demeurait à l'ouest de tous les Kalkas. Le troisième s'appelle Tche tchin han, que nous vîmes à notre retour de Niptchou, ainsi