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vint toujours en chassant et fit plusieurs enceintes, dans l'une desquelles je lui vis tuer un grand sanglier, qui se voyant poursuivi et environné de chasseurs, se retira au milieu d'un fort, où il n'était pas aisé de l'approcher. L'empereur ne laissa pas de le tuer, et du second coup de flèche il le blessa à mort. Dans une autre enceinte on tua trois cerfs, j'en vis deux ou trois autres s'échapper au travers des montagnes, qui étaient trop escarpées pour pouvoir les poursuivre. Proche du lieu où nous campâmes, se trouvent des eaux chaudes et médecinales. L'empereur y alla, et y demeura jusqu'au soir ; dès qu'il y fut arrivé, on m'appela de sa part, et m'ayant fait montrer la source, il me fit demander la raison physique de cette chaleur ; si nous avions de ces eaux-là en Europe, si nous en faisions cas, si nous en usions, et pour quelles sortes de maladies. Ces eaux dans leur source sont claires ; mais elles ne me parurent pas si chaudes que celles qui sont au bas du mont Petcha un peu au nord-est de celles-ci, car dans celles-là à peine pourrait-on mettre la main toute entière sans se brûler, au lieu que dans celles-ci on peut l'y tenir quelques moments sans trop sentir la chaleur. Mais celles dont je parle ont cela de particulier, que tout proche il y a une autre source d'eau très fraîche. On a dirigé le cours de ces deux sources, de telle sorte qu'elles se joignent ensemble d'un côté ; et de l'autre côté on a laissé un filet d'eau chaude toute pure. Il y a là trois petites maisons de bois, que l'empereur y a fait construire, avec un bassin de bois dans chacune, afin de s'y pouvoir baigner commodément. Sa Majesté après avoir pris un peu de repos, se baigna, et nous ne revînmes au camp que vers le soleil couchant. Le 20 nous séjournâmes au camp de Cabaye ; le matin l'empereur alla encore à la chasse, mais il ne fit qu'une enceinte, dans laquelle il tua un cerf, son fils un autre, et les autres chasseurs trois ou quatre ; après quoi nous retournâmes le soir au camp ; il tira de l'arc avec les deux enfants, l'un de ses gendres, et quelques-uns des officiers de la maison dans l'enceinte extérieure de son parc, en présence de toute sa cour. Son troisième fils qui a environ seize ans se distingua parmi les autres, car il donna plusieurs fois dans le blanc. Après avoir tiré de l'arc quelque temps, il fit lutter plus de trente personnes l'une après l'autre ; et un contre un, ce qui dura presque jusqu'à la nuit. Le soir comme je sortis du parc intérieur de l'empereur, Sa Majesté aperçut de sa tente que je portais un paquet de livres, et le coussin qui me sert de siège ; il appela aussitôt Tchao laoyé et lui ordonna qu'à l'avenir il me fît porter mon siège et mes livres, par un des eunuques du palais. Le 21 nous partîmes sur les sept heures du matin. Un moment avant que de partir, l'empereur me demanda en riant si j'étais fatigué du voyage. On alla sur tout le chemin en chassant des lièvres et des chevreuils, un peu avant que d'arriver au camp, on fit une enceinte à l'entour de deux ou trois montagnes fort hautes, et toutes chargées de bois et de broussailles si épaisses, qu'on ne pouvait les pénétrer, ce qui fut cause qu'on prit peu de