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plus facilement, les Tartares mettent bas leur casaque, et en prennent une de grosse toile, ils se ceignent le plus étroitement qu'ils peuvent, ensuite ils se prennent l'un l'autre au-dessus de l'épaule, ou au haut de la poitrine, et tâchent par des espèces de croc-en-jambe de renverser leur homme. Celui qui a terrassé son adversaire, va aussitôt se mettre à genoux devant l'empereur, et lui faire hommage de sa victoire, en se prosternant jusqu'à terre. Ce jour-là nous couchâmes dans un village nommé Ngan kiatun à quatre-vingts lys de Kou pe keou. Le soir l'empereur après m'avoir appelé en sa présence, me demanda si les rois d'Europe faisaient des voyages, s'ils allaient à la chasse, et comment ; après cela il fit dire qu'on avertît les Grands de la cour de se préparer à tirer au blanc, tant avec des fusils qu'avec des flèches, et il me dit de le suivre, afin d'être témoin de cet exercice. Il tira trente coups à soixante ou soixante-dix pas de distance, toujours à balle seule, et il donna plusieurs fois dans le blanc, qui était un morceau de planche grand comme la main ; je l'y vis donner trois fois de suite, il chargeait souvent lui-même son fusil ; son troisième fils en deux coups qu'il tira donna aussi une fois dans le but ; pas un des Grands n'y donnèrent, il est vrai qu'il n'y en eut que cinq ou six qui tirèrent, et seulement deux ou trois fois chacun. Après avoir tiré du fusil, Sa Majesté tira de l'arbalète avec un capitaine de ses gardes, qui passe pour être habile arbalétrier. Il l'est pourtant moins que l'empereur. Sa Majesté tira de deux sortes d'arbalètes, l'une avec des flèches, et l'autre avec des balles de terre cuite, et toujours avec beaucoup d'adresse. Ensuite il tira de l'arc, et fit venir cinq des plus habiles tireurs d'arc de sa cour ; l'un d'eux était ce même Kalka qu'il avait fait lutter deux jours auparavant, et qui était le plus habile de tous ; il ne manqua presque jamais de donner dans le but, l'empereur y donna aussi plusieurs fois, et se distingua fort par son adresse ; tous les gens de la cour étaient présents. Ce prince par une faveur spéciale, avait ordonné que je fusse près de sa personne. Quand on eut cessé de tirer de l'arc, l'empereur fit encore lutter ce Kalka, qui terrassa son homme en assez peu de temps, et se fit admirer de tout le monde par sa souplesse et par sa force. Le 15 nous ne partîmes que sur les sept heures du matin ; nous fîmes cinquante lys, et nous campâmes dans une plaine appelée Pornaye. Comme l'empereur vint en chassant, nous montâmes et descendîmes cinq ou six montagnes fort roides, fort pierreuses, et remplies de broussailles. Les chevaux tartares se tirent aisément de ces chemins, ce que les nôtres auraient de la peine à faire. L'empereur en chemin faisant, ordonna de faire deux enceintes ; dans l'une on enferma quelques cerfs ; dans l'autre des chèvres de montagnes ; l'empereur en tua une de sa main, les autres furent tuées par ses hias ; on mit par terre sept de ces animaux, tant cerfs que chèvres. Je vis une de ces chèvres ; à la couleur près, qui est semblable au poil de chevreuil, elle a le corps, et particulièrement la tête, comme nos chèvres domestiques. Le soir