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que je leur vis faire n'avaient rien qui approchât de ceux de notre milice, et certainement s'ils n'ont pas d'autre moyen de se mettre en bataille et de faire l'exercice, un bataillon de huit cents hommes de cette infanterie ne soutiendrait pas les efforts d'un simple escadron de cent chevaux. Cependant les spectateurs admiraient cette milice ; des gens de la première considération, auprès desquels je me trouvai, me demandèrent sérieusement ce que j'en pensais, et si la nôtre lui était comparable. L'empereur même envoya au commandant un de ses habits ordinaires, et lui fit donner un cheval, pour le récompenser d'avoir si bien discipliné les soldats. L'empereur ayant reçu ce jour-là un courrier du président du Tribunal des Mongous par lequel il faisait savoir que plusieurs des chefs des Mongous qui devaient assister aux États, n'étaient pas encore arrivés, et que l'herbe ne commençant qu'à pousser, il n'y avait que très peu de fourrages, Sa Majesté résolut de séjourner le lendemain à Kou pe keou. Peu après que nous fûmes arrivés au logement de l'empereur, Sa Majesté m'envoya faire plusieurs questions sur la manière de prendre la hauteur du pôle par les étoiles, et sur la déclinaison de l'aimant. Le 13 nous séjournâmes à Kou pe keou, je pris la hauteur méridienne du soleil, avec le demi cercle de monseigneur le duc du Maine, dont j'ai fait présent à l'empereur, qui en fait très grand cas, et qui le fait porter sur le dos d'un cavalier ; il lui a donné un double étui, de manière qu'il ne peut courir aucun risque de se gâter par le transport, et il lui a fait faire deux sortes de pieds nouveaux, qui portent l'un et l'autre un genou. Je trouvai la hauteur du bord supérieur du soleil de soixante-huit degrés six minutes, et le soir après avoir fait mon explication de géométrie à l'empereur, je lui présentai l'observation que j'avais faite avec le calcul de la hauteur du pôle, résultante de cette observation et celui de l'ombre méridienne. Sa Majesté m'en témoigna beaucoup de satisfaction, et m'ordonna de les conserver soigneusement ; il loua beaucoup ce jour-là la géométrie pratique démontrée, que nous avons composée pour lui en tartare. Il m'envoya, selon sa coutume, le matin et le soir des mets de sa table ; et ayant su que je voulais écrire à nos Pères de Peking il me fit dire de lui donner ma lettre, et qu'il la mettrait dans son paquet. Le 14 nous partîmes avec l'empereur une heure avant le jour, nous dînâmes à une maison qui est sur le chemin ; Sa Majesté devant et après le dîner fit lutter en sa présence un Kalka et un Mongou l'un après l'autre contre un de ses Ha ha chous, qui passe pour le meilleur lutteur de la cour, quoiqu'il soit d'une taille fort petite, et qu'il n'ait pas plus de vingt-quatre ans. Le premier terrassa deux fois ce Ha ha chou en fort peu de temps, ce que tous les spectateurs admirèrent. Le second, quoique beaucoup plus puissant de corps, plus robuste en apparence, ne put renverser le Ha ha chou ni en être renversé ; de sorte qu'après avoir été assez longtemps aux prises, l'empereur les fit cesser. Pour lutter