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A la sortie de la ville nous trouvâmes les trompettes, les hautbois, les tambours, et tous ceux qui portent les marques de la dignité impériale, rangés en haie des deux côtés du grand chemin, et un peu au-delà les troupes de la maison de Sa Majesté. L'empereur alla dîner à un village, qui est à deux lieues de Peking nommé Ouang king ; il me fit l'honneur de m'envoyer un plat de viande de sa table avec du riz, de la crème, et du thé tartare de sa bouche, et il ordonna que je mangeasse avec les premiers officiers de ses gardes, voulant qu'on me fît asseoir immédiatement au dessous de ceux du premier rang, et à la tête de ceux du second rang. Ce jour-là nous fîmes 80 lys, et nous vînmes coucher à un bourg Nieou lang chan, où nous arrivâmes vers le midi. L'empereur donna ordre que j'eusse l'entrée libre dans le lieu où il logerait, et que pendant tout le jour je demeurasse proche de son appartement. Peu après qu'il fut arrivé, il m'envoya faire plusieurs questions touchant les livres de mathématique que j'avais apportés, et qu'il voulut voir ; il me fit dire qu'il voulait revoir pendant ce voyage la géométrie pratique, que nous lui expliquâmes l'année passée, et à laquelle, disait-il, il ne s'était pas assez appliqué, parce qu'il avait alors trop d'affaires sur les bras au sujet des Eluths. Il envoya sur-le-champ un des eunuques de sa chambre à Peking pour lui apporter cette géométrie pratique, que nous lui avions mis en Tartare, avec les éléments de géométrie. Le soir l'empereur m'envoya encore à manger de sa table de la même manière qu'il avait fait le matin, et après le souper il me fit appeler en sa présence, où m'ayant fait asseoir auprès de lui comme il faisait à Peking il me fit plusieurs questions sur la géométrie, et il expliqua devant moi plusieurs propositions qu'il avait déjà vues, pour s'en rafraîchir la mémoire. Le 10 nous partîmes à la petite pointe du jour. L'empereur alla dîner à un village nomme No chan à vingt lys du lieu où il avait couché ; outre ce qu'il avait assigné pour ma nourriture, il m'envoya encore à manger de sa table, de la même manière que le jour précédent. Il avait ordonné la veille qu'un de ses hias qui est turc d'origine, quoiqu'il soit né à Peking et qu'il a fait capitaine des Moscovites qui sont à son service, me suivît par tout où j'irais, et qu'il tâchât d'apprendre quelques mots de la langue latine, et surtout à lire les caractères de cette langue. Ce hia sait en partie la langue des Moscovites, et a été des deux voyages que nous avons faits pour traiter de la paix entre les deux empires. Ce jour-là l'empereur sortant après dîner, et passant proche de nous, demanda à ce hia ce qu'il avait déjà appris, et voulut voir l'alphabet que je lui avais écrit. Nous fîmes ce jour-là 60 lys, et nous allâmes coucher à Mi yun bien. Dès que nous y fûmes arrivés, Sa Majesté m'envoya faire plusieurs questions sur les étoiles, et principalement sur le mouvement de l'étoile polaire vers le pôle. Je lui fis voir les cartes du père Pardies, sur lesquelles j'avais fait mettre les noms des constellations et des étoiles en chinois. Sur le soir