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le chef de ces esclaves, c'est-à-dire, celui qui se trouva chargé de la requête, fut condamné à avoir la tête coupée, ses sept compagnons étaient aussi condamnés au même châtiment, mais l'empereur restreignit la sentence au seul chef et son maître qui était un hia de Sa Majesté, fut envoyé en exil à Aygou en Tartarie ; les sept autres furent seulement condamnés à porter la cangue pendant trois mois à une des portes de la ville, et à cent coups de fouet chacun. Le 31 l'empereur partit de son palais, pour aller passer le printemps en sa maison de plaisance de Tchang tchun yuen, et ordonna que nous y allassions de quatre en quatre jours, et que cependant nous continuassions d'aller au palais tous les jours comme auparavant, pour y travailler à mettre notre philosophie en Tartare, et à lui préparer des explications. Le onzième avril l'empereur commença à se faire expliquer la première leçon de philosophie. C'était une espèce de petite préface, dans laquelle nous faisions voir quelle est la fin de cette science ; pourquoi on la divise en logique, physique, et morale, et ce qu'elle traite dans chacune. L'empereur témoigna être fort content de ce commencement, et nous exhorta à ne nous point presser, voulant que nous fissions les choses à loisir, et dit qu'il ne se mettait point en peine que cet ouvrage durât longtemps, pourvu qu'il fût bien fait et bien clair. Sa Majesté affecta, ce semble, de nous montrer ce jour-là un air plus gai qu'à l'ordinaire. Le 20 L'empereur revint à Peking, afin de faire le lendemain la cérémonie de la création des docteurs, dont l'examen s'était fait il y avait déjà quelques mois ; peu de temps après qu'il fut entré au palais, il nous fit venir en sa présence, et nous fit asseoir à ses côtés sur la même estrade où il était assis ; il nous montra un calcul qu'il avait fait de l'espace contenu dans une lunule. Ensuite se tournant tout-à-coup de mon côté, il me dit de le suivre dans le voyage qu'il devait faire le mois suivant en Tartarie, afin de l'aider dans les mesures de géométrie qu'il voulait faire ; et comme je le remerciai de l'honneur qu'il me faisait en descendant de dessus l'estrade où j'étais, et touchant du front jusqu'à terre, suivant la coutume, il parut fort content de la joie que je témoignais avoir de l'accompagner dans ce voyage. Le 21 dès le matin l'empereur fit publiquement la cérémonie de nommer les docteurs qui avaient été trouvés dignes de ce rang, et le même jour il retourna à sa maison de plaisance. Le troisième de mai l'empereur me fit savoir que pour le voyage que je devais faire avec lui, il me ferait fournir toutes choses du dedans de sa maison, chevaux, tentes, chameaux, pour porter mon bagage. Le 7 Sa Majesté revint à Peking pour se disposer au voyage.


Troisième voyage du père Gerbillon en Tartarie, fait à la suite de l'empereur de la Chine