Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

les intérêts de l'argent qu'ils avaient emprunté. Il donna ordre qu'on examinât toutes les dettes des soldats, des gardes, et de la gendarmerie au nombre de 23 dans chaque niurou ou compagnie, et des simples cavaliers, en y comprenant les sergents ou maréchaux des logis. On trouva que les dettes montaient à plus de seize millions de livres. Sa Majesté ordonna que l'on payât de l'argent de son trésor toutes ces dettes, et qu'à l'avenir lorsque quelques soldats ou officiers auraient besoin d'argent pour de véritables besoins, on leur avançât autant qu'il serait jugé nécessaire, et que peu à peu on le reprendrait sur leur paye, en sorte qu'en dix ans ils pussent acquitter toute la dette qu'ils auraient faite. Sa Majesté fit aussi payer une partie des dettes de ceux des officiers de sa maison, qui ont accoutumé de le suivre, quand il fait quelque voyage. Il y eut ordre de donner jusqu'à huit cents livres à chacun de ses hias et quatre cents aux autres petits officiers qui n'ont point de rang ; le tout ne monta pas à quatre cent mille livres, parce que les Grands qui firent la recherche de ces dettes, ne mirent sur le rôle que ceux qu'ils jugèrent n'être pas en état de les payer. Ils avaient d'abord marqué indifféremment toutes les dettes, mais la friponnerie de quelques-uns qui en feignirent de fausses, en fit même retrancher de véritables ; l'empereur voulut qu'on prît sur son trésor le fond destiné à payer ces dettes, disant qu'il n'était pas juste d'employer les deniers de l'empire à payer les dettes contractées au service de sa personne. Le 29 les cavaliers qui n'avaient point eu de part à la distribution de l'empereur, parce qu'étant esclaves, ils ne pouvaient contracter de dettes, s'assemblèrent au nombre de trois à quatre mille au palais, pour demander à Sa Majesté qu'elle leur fit aussi quelque distribution ; comme il ne se trouva personne qui voulût se charger de la requête qu'ils avaient préparée, ils demeurèrent longtemps dans la grande cour du palais, à genoux, la tête découverte en posture de suppliants ; ensuite ayant su que l'empereur était allé se promener au jardin qui est derrière son palais, tous ensemble ils environnèrent ce jardin, et se mirent à demander à haute voix que l'on leur donnât quelque récompense, puisqu'ils étaient aussi bien soldats que les autres. L'empereur fit semblant de ne les point entendre ; sur quoi quelques-uns des plus hardis passèrent la première porte du jardin malgré les gardes qui s'opposaient à leur passage. L'empereur ayant été averti de leur insolence, fit saisir les huit plus avancés, qui étaient comme les chefs, et surtout celui qui était chargé de la requête, et ayant ordonné qu'on chassât les autres à coups de fouet et de bâton, toute cette multitude fut incontinent dissipée. L'empereur envoya les huit soldats qu'il avait fait prendre, au Tribunal des crimes, avec ordre qu'on leur fît incessamment leur procès. Le 30 les principaux officiers de la milice présentèrent une requête à l'empereur, pour lui demander pardon de ce qu'ils n'avaient pas su prévenir le dessein de leurs esclaves, se soumettant à tel châtiment qu'il plairait à Sa Majesté d'ordonner pour cette faute ; et le même jour dès le matin,